Sociologie
De quoi se moque-t-on? Satire et liberté d’expression
PASSARD Cédric et RAMOND Denis (sous la direction), 2021, Éd. CNRS, 393 p.
Si les vingt-deux contributeurs de ce recueil d’études universitaires décrivent l’ancienneté de la satire, depuis l’antiquité jusqu’à Charlie, en passant par Coluche ou le Canard, ils démontrent tout autant la persévérance de la suspicion qui l’entoure. Logique : rien ne serait pire pour elle de ne déclencher aucune émotion chez son lecteur-complice ou chez son ennemi. Mais pour être tributaires des normes du risible de chaque époque, l’humour, l’exagération et la
Rire. Une anthropologie du rieur
LE BRETON David, éd. Métailé, 2018, 254 p.
Le rire ne peut être réduit à ce qui est risible. Car, si tout est susceptible de le devenir, ce qui rend l’un hilare, laissera l’autre de marbre. Il n’existe donc pas sans la signification qui lui donne naissance. Il est le résultat d’une situation qui prend sens aux yeux d’un individu particulier, par son décalage avec la norme ou le réel. Ses sources sont infinies. S’il s’enracine d’abord dans la joie et la bonne humeur, il peut tout autant être l’expression de la détresse, de la honte que de la
Histoire d’un mensonge. Enquête sur l’expérience de Stanford
LETEXIER Thibaud, Éd. Zones, 2018, 295 p.
En août 1971, le psychologue Philip G. Zimbardo mène l’expérience dite de Stanford avec une vingtaine d'étudiants qui se voient attribuer de manière aléatoire des rôles de gardien ou de détenu dans une fausse prison. En quelques jours, ceux qui ont revêtu un uniforme se transforment en sadiques. Depuis cinquante ans, les manuels universitaires de psychologie, de criminologie et de pénologie, qui en ont reproduit les résultats, évoquent combien les frontières sont poreuses chez l’être humain entre le
Réinventer l’association
LAVILLE Jean-Louis, 2019, Ed. Desclée de Brouwer, 235 p.
L’associationnisme est né des secours mutuels, des entraides paysannes pour les semences et les récoltes, de l’économie informelle, de l’échange monétaire des biens et des services, les travaux collectifs pour le bien commun.
Il sera rejeté par le marxisme qui revendiqua l’affrontement avec le capital jusqu’à la prise du pouvoir. Il est ainsi réduit à un romantisme angélique entaché de socialisme utopique.
L’État keynésien et l’État social démontrèrent, un temps, leur capacité à
Les décisions absurdes l’enfer des règles III : les pièges relationnels
MOREL Christian, Éd. Gallimard, 2018, 257 p.
La multiplication des règles est source d’absurdité. On s’en doutait. Christian Morel nous en fait une démonstration éclatante. Avec les 200.000 normes applicables aux collectivités publiques et les 20.000 pages de procédures techniques du Porte-avion De Gaulle, on n’est plus dans l’aberration, mais dans la démence. Les protocoles ainsi institués acquièrent avec le temps une inertie qui les fige, leur rigidité les rendant contre-productifs. Parce qu’ils semblent coulés dans le marbre, leur
« Monstres 2.0. L’autre visage des réseaux sociaux
ESCANDE-GAUQUIÉ Pauline et NAIVIN Bertrand, Ed. François Bourin, 2018, 130 p.
La révolution numérique a transformé notre société en un village global, à travers l’accès au savoir pour tous, la gratuité d’internet et l’horizontalité des relations. Tout un chacun peut devenir simultanément spectateur, acteur et commentateur, échanger et interagir, mais aussi créer des contenus. Mais, c’est justement cette nouvelle culture incitant à tout montrer et à tout regarder qui produit de multiples dérives. A commencer par l’espace intime de chacun qui
Sans "mobile" apparent. Un quotidien "sans portable", "sans smartphone"
BERGIER Bertrand, Ed. Chronique Sociale, 2016, 174 p.
Tout le monde possède un téléphone … ou presque. En détenir un est devenu une norme qui vaut appartenance au groupe et conformité avec le plus grand nombre. Quel est donc ce petit village isolé de « sans portable » qui résiste encore, maudissant cet appareil et/ou le maintenant à distance ? En auscultant les logiques du refus de s’aligner sur le comportement dominant, Bertrand Bergier nous éclaire aussi sur les effets pervers auxquels sont confrontés ses utilisateurs. Certes, il n’y a pas
C’était mieux avant!
SERRES Michel, Ed. Le Pommier, 2017, 95 p.
Avant, les guerres successives faisaient des millions de morts. Avant, les pauvres mourraient sans soins les médecins emportant dans leur sacoche les dix médicaments efficaces pour les patients qui pouvaient les payer. Avant, on pouvait injurier les juifs dans des revues antisémites et prétendre scientifiquement que les noirs étaient plus proches des primates que des êtres humains. Avant, les usines pouvaient répandre sans contraintes leurs déchets dans la nature. Avant, il fallait mettre au monde
Vers un État social actif à la française
ROUZEAU Marc, Éd. EHESP, 2016, 169 p.
L’État providence se délite. Le cadre de référence construit au cours des trente glorieuses a été remis en cause par les crises successives des années 1980. Sous l’effet de la mondialisation, de la décentralisation, de l’européanisation et du paradigme néo-libéral, la protection sociale et l’assistance ont cédé le pas à la promotion de l’équité et de la cohésion sociale, du développement des capabilités et de la mobilisation des bénéficiaires. Les travailleurs sociaux se voient confier la mission
De mieux en mieux et de pire en pire
TAVOILLOT Pierre-Henri, Ed. Odile Jacob, 2017, 264 p.
Depuis le commencement des choses, ce fut toujours mieux avant, explique Pierre-Henri Tavoillot. La rengaine ambiante reprenant le « tout va de pire en pire » n’est pas récente. Elle faisait dire à Sénèque il y a 2.000 ans combien l’homme ne cesse de regretter le passé et de craindre l’avenir. Pourtant, si tout le monde se plaint, personne ne veut revenir en arrière. Car, chacun constate que « tout va de mieux en mieux ». Comment expliquer cette ambivalence ? L’émergence de la modernité a