SOCIÉTÉ
Contre histoire du libéralisme
LOSURDO Domenico, Ed. La Découverte, 2013, 390 p.
On est parfois surpris par le cynisme et la brutalité avec lesquels le libéralisme traite les êtres humains, justifiant par exemple les licenciements boursiers par la libre concurrence, sans s’inquiéter vraiment du sort des centaines de milliers de salariés et de leurs familles jetés à la rue. Rien d’étonnant, finalement, après la lecture de cette édifiante étude sur les débuts historiques de cette école de pensée. Qu’on en juge, plutôt. Les trois nations, à l’origine de la révolution
L’individu qui vient après le libéralisme
DUFOUR Dany-Robert, Denoël, 2011, 385 p.
Si notre époque est effectivement égoïste, en aucun cas elle est individualiste : telle est la thèse centrale de Dany-Robert Dufour. Pour comprendre cette affirmation, au demeurant étonnante, il faut suivre le fil de son raisonnement. Toutes les civilisations humaines, affirme-t-il, ont toujours bâti leur existence sur des principes inspirés de discours fondateurs. Pendant deux milles ans, l’Homme a vécu dans la promesse d’un salut inspiré par le récit monothéiste. Puis, sont advenus d’autres
La dictature de l’urgence
FINCHELSTEIN Gilles, Fayard, 2011, 228 p.
Notre société est prise dans la conjonction de deux cultes : la vitesse et l’instant. Gilles Finchelstein nous décrit les indices nombreux et concordants qui le démontrent. Que ce soit l’information qui nous est délivrée d’une manière immédiate et en temps réel. Que ce soit les progrès des moyens de transport qui nous amène à mesurer les distances non plus en kilomètres, mais en durée de trajet. Que ce soit les services d’urgence qui sont devenus la porte d’entrée de l’hôpital : dix huit millions de
Juger
PORTELLI Serge, Ed. de l’Atelier, 2011, 188 p.
Pendant longtemps, les juges se sont confondus avec le pouvoir, instrumentalisés par le prince du moment, toujours magnanimes avec les puissants et implacables avec les faibles. Chaque changement de régime entraînait son lot de révocations de magistrats suspects d’une trop grande fidélité au gouvernement précédent. Serge Portelli est vice président du tribunal de grande instance de Paris. Ce qui ne l’empêche pas de stigmatiser une fonction dont la veulerie et la servilité atteignirent des
Le glaive sans la balance
LAMEYRE Xavier, Ed. Grasset, 2012, 223 p.
Depuis une vingtaine d’années, l’État français s’est doté d’un arsenal répressif considérable tant policier, que judiciaire ou pénitentiaire. A la suite de la mise en application du nouveau Code pénal en 1994, près de 100 lois sont venues aggraver les sanctions : une dizaine sous le gouvernement Juppé, une vingtaine sous le gouvernement Jospin, une trentaine sous les gouvernements Raffarin et Villepin et une quarantaine sous le gouvernement Fillon. Prisonniers de l’émotion et d’une « nomorrhées »
Travail, les raisons de la colère
DE GAULEJAC Vincent, Éd. du Seuil, 2011, 335 p.
Le travail occupe une place centrale dans l’existence. Au-delà des ressources financières qu’il procure, il fournit un statut, une position sociale et constitue l’un des principaux facteurs d’accomplissement de soi. Mais si l’activité salariée peut privilégier l’avènement du sujet en répondant à sa quête identitaire et en assurant tant son émancipation que son épanouissement, elle peut tout autant produire son assujettissement, dès lors où elle s’accomplit dans la contrainte, la servitude ou
L’entreprise du XXIème siècle sera sociale (ou ne sera pas)
BORELLO Jean-Marc, BOTTOLLIER-DEPOIS François, HAZARD Nicolas, Éd. Rue de l’Echiquier, 2012, 317 p.
Voilà un ouvrage particulièrement bien construit, bien argumenté et bien écrit. Les auteurs y présentent « l’entreprise sociale », comme la synthèse de la libre entreprise, des services publics et de l’économie sociale et solidaire. L’entreprise capitaliste est, certes, source d’innovation et d’amélioration de la qualité, mais elle n’est tournée que vers l’accumulation égoïste des profits pour les seuls actionnaires. L’État providence agit dans
La violence éducative : un trou noir dans les sciences humaines
MAUREL Olivier, L’instant Présent, 2012, 175 p.
Comment expliquer le silence lourd et pesant qui enveloppe la violence éducative ordinaire ? Car, s’il est une constante universelle, c’est bien la banalisation des mauvais traitements infligés aux enfants. Olivier Maurel a lu attentivement vingt et un ouvrages publiés entre 1998 et 2009 sur le thème de la violence. Son constat est implacable : huit auteurs sur dix oublient de parler de celle qui intervient dans l’éducation. Les conséquences de ce type d’agression sont pourtant nombreuses. Ce
Le bavardage. Parlons-en enfin
EHNUEL Florence, 2011, Fayard, 164 p.
Le bavardage serait-il devenu le fléau de nos salles de classe ? Peu d’enseignants le reconnaissent et acceptent d’en parler ouvertement. Peut-être, par crainte de se voir reprocher leur échec pédagogique. Si leurs élèves parlent ainsi entre eux, pendant leur enseignement, c’est qu’ils ne sauraient pas les intéresser, les contrôler ou pire encore qu’ils manqueraient d’autorité. Florence Ehnuel a décidé de rompre le tabou, en commençant par décrire sa propre pratique professionnelle de professeur de
Chroniques…ta mère. Brèves de chef d’établissement
DEFRANCE Christophe, Mon petit éditeur, 2011, 116 p.
Christophe Defrance, Directeur de l’Établissement régional d’enseignement adapté de Mainvilliers, en Eure et Loir, nous livre ici un témoignage qui nous fait mesurer combien les travailleurs sociaux n’ont rien à envier à certains professionnels de l’Éducation nationale, quant à la gestion des difficultés comportementales de certains adolescents. Son ouvrage est tissé à partir d’une subtile trame qui tricote humour et gravité, lucidité et optimisme, humanité et réalisme. Le récit du