Livres
Maraudes Littéraires
CHABANEL Sophie, Éd. L’Aube, 2021, 160 p.
Que vient donc faire une romancière dans une maraude ? Proposer des livres aux gens à la rue peut sembler contre-intuitif. Quand Sophie Chabanel se joint aux bénévoles de la Croix Rouge et de la librairie Decitre, cette curieuse initiative relève de l’évidence. C’est bien à tort que l’on assimile la grande exclusion à une forme d’inculture. Certes, la caisse bleue remplie de livres n’a pas d’emblée forcément grand succès : un amateur sur vingt-six contacts, le premier jour. « Si ça vous
Il nous faut drainer la colère
MAHIEU Lucie, Éd. Academia 2021, 217 p.
Lucie Mahieu a toujours couché sur papier ses ressentis. C’est sa façon à elle d’entrer dans le processus de la résilience face au parcours difficile de la grande pauvreté. C’est son vécu qu’elle nous décrit, ici. Elle a 19 ans en novembre 1984, quand elle arrive à la maison Saint Paul situé à Mons. Elle n’en est jamais repartie. Son père ne comprend pas alors qu’il ait dû bosser si dur, pour payer des études à ses enfants et que sa fille n’ait comme seule ambition que de côtoyer la misère. Dix mille
(L)armes d’errance. Habiter la rue au féminin
CABRAL Mauro Almeida, Éd. Academia, 2021, 173 p.
Il existe peu d’enquêtes sur les femmes vivant à la rue. Educateur auprès de personnes vivant dans les interstices urbains, l’auteur leur consacre cette monographie pleine de nuance et de tact. C’est dans les parkings, les entrées de garage, les parcs municipaux, les galeries marchandes, les gares routières qu’il a déambulé à la rencontre du sujet de son étude. Il y a rencontré des femmes au passé douloureux marqué par la maltraitance et de multiples traumatismes. Peu visibles et mises au ban
La question SDF
DAMON Julien, Éd. PUF, 2021, 368 p.
Cette troisième édition du livre de Julien Damon paru il y a vingt ans, qui décortiquait les contours de l’une des problématiques essentielles de l’action publique et la manière dont celle-ci y répondait, reste d’une actualité brûlante. Avec, comme seuls changements : toujours plus de sans-abris et de sans domiciles fixes dormant à la rue, très souvent étrangers et un complexe bureaucratico-assistanciel, comme le nomme l’auteur, encore plus embrouillé, les couches de mille-feuilles n’ayant cessé de
Dans l’œil du cyclone ASE
COUTURIER-CRESCENZO Frédéric, Éd. Les 3 colonnes, 2019, 154 p.
Le pot de fer contre le pot de terre : c’est l’image qui ressort de ce récit du duel perdu d’avance d’une assistante familiale contre une administration implacable qui a fait le choix d’appliquer le principe de précaution, au détriment de la présomption d’innocence. Dans le métier depuis vingt ans, l’auteure en a vu passer des enfants. Mais, rarement comme Siméon. Pourtant, tout avait commencé dans un moment de grâce : cette fameuse « lune de miel » faite de rire, de jeux et même
Mes enfants et ceux des autres
TIVOLI Véronique, Éd. Baudelaire, 2021, 294 p.
Ce récit de vie rythmé et particulièrement bien écrit décrit les sept années du travail effréné d’une assistante familiale travaillant dans un dispositif de famille d’accueil d’urgence. A travers son témoignage, c’est le parcours de vie de plus d’une cinquantaine de mineurs que le lecteur découvre. Ces moments chaotiques et douloureux, mais aussi remplis de tant de tendresse et d’amour font sourire autant qu’ils émeuvent. Mais, un même fil rouge traverse ces pages : une profonde humanité. C’est
L’enfant en situation de handicap
WEIL Claire (sous la direction), Éd. L’Harmattan, 2017, 179 p.
Pendant longtemps, l’accueil de jeunes enfants polyhandicapés se résumait à la prise en charge au sein de grandes fondations religieuses ou publiques. C’est à La Roche Guyon qu’est créé, en 1967, le premier placement familial spécialisé. L’accueil y est conçu sans empiétements sur la place des parents et dans un équilibre entre soins quotidiens et accompagnement éducatif. Cinquante ans après, ce livre témoigne de toutes ces rencontres frappées au coin d’une bienveillance
Parcours en accueil familial. Sens et pratiques
EUILLET Séverine (sous la direction), Éd. L’Harmattan, 2019, 153 p.
Il est deux mythes en placement familial qui portent préjudice à l’enfant. C’est d’abord celui du départ sans retour envisageable, la famille d’origine étant considérée par essence comme toxique. Ce fut une constante, à l’époque de l’assistance publique, qui ne retenait qu’une seule identité : celle du numéro d’immatriculation porté au cou, comme un collier. Puis est survenu cet autre mythe d’une réintégration inévitable au milieu d’origine, déconstruit par la réalité de
Aux origines, l’archéologie
DEMOULE Jean-Paul, Éd. La Découverte, 2020, 332 p.
L’instrumentalisation du passé à toujours été une arme au service des préoccupations idéologiques, politiques et sociales. La fable des quarante rois et quinze siècles qui « ont fait la France », le mythe du baptême fondateur de Clovis servant à légitimer la royauté, une Jeanne d’Arc victime en fait non de l’envahisseur mais de la dispute entre deux fractions de la noblesse (les Bourguignons et les Armagnacs) … Le marché de l’histoire réactionnaire se porte bien, revendiquant un roman
Histoire mondiale du bonheur
DURPAIRE François (Sous la direction), Éd. Cherche Midi, 2020, 443 p.
Si le développement personnel en a fait son sujet central, sa quête est aussi ancienne que notre espèce. Pour autant, ses représentations sont multiples. Il est dans la satisfaction immédiate pour les hédonistes grecs, mais différée pour les eudémonistes. Pour les stoïciens, c’est la vertu qui y conduit alors que pour les épicuriens, elle en est le produit. Niché dans le jardin secret de chacun pour les Japonais, dans la réalisation personnelle pour les bouddhistes ou