Livres
Travailler. La grande affaire de l’humanité
SUZMAN James, 2021, Éd. Flammarion, 474 p.
S’il est un mythe tenace, c’est bien celui de l’homo economicus : nous serions des créatures égoïstes, coincées entre nos désirs infinis et nos moyens limités, contraintes à travailler toujours plus pour produire des richesses et consommer plus de biens. Et pourtant, notre espèce n’a pas toujours accumulé de la nourriture et encore moins de richesse, pas toujours obnubilée par la préservation d’un quelconque rang social. Loin d’être confrontée à la famine et à la sauvagerie, elle consacrait quinze à
Humanité. Une histoire optimiste
BREGMAN Rutger, Éd. du Seuil, 2020, 426 p.
Et si la vision négative d’une humanité fondamentalement mauvaise, naturellement animée par des réflexes égoïstes, agressifs et violents n’était qu’en partie vraie ? Certes, l’espèce humaine a démontré à travers l’histoire, sa facilité à commettre les pires atrocités. Mais, en y regardant de plus près, il semble qu’elle soit aussi programmée pour se montrer sociable et solidaire, condition sine qua non pendant longtemps de sa survie. Les nombreux exemples décrits par l’auteur le démontrent avec
Enfants et familles vulnérables en protection de l’enfance
BOUTANQUOI Michel et LACHARITE Carl (sous la direction), Éd. Presse universitaire de Franche-Comté, 2020, 259 p.
Si les années 1990 ont vu apparaître et se généraliser le concept d’exclusion, la décennie 2010 a privilégié celui de vulnérabilité. Ce concept séduisant mérite pourtant d’être interrogé. La condition humaine est fragile et tout individu est faillible. Pourquoi opposer des populations réifiées dans un statut figé dans une faiblesse immuable face à des travailleurs sociaux réputés sauveurs infaillibles ? Une telle approche
Enfant mal placé
MARTY Hakan, Éd. Max Milo, 2020, 283 p.
Et si la protection de l’enfance relevait d’une complexité bien plus contrastée que certaines représentations caricaturales médiatiques nous laissent entrevoir ? Le récit de vie d’Hakan Marty en est une illustration édifiante. Issu d’une famille où les enfants sont placés depuis trois générations, il nous décrit sa mère comme une adulte inconstante, dealeuse, prostituée et droguée qui eut la lucidité de le déposer dans la pouponnière où elle avait elle-même commencé sa vie. Sans n’avoir jamais réussi à
Enfants placés. Il était une fois un naufrage
VATON Marie, Éd. Flammarion, 2021, 279 p.
Marie Vaton a mené son enquête auprès des juges des enfants, des éducateurs, des assistants sociaux et des assistants familiaux travaillant en protection de l’enfance. Bien sûr, elle décrit des professionnels extraordinaires qui se consacrent pleinement à leur mission, ne comptant ni leur temps, ni leur énergie. Mais, elle dénonce tout autant les dérives, les violences institutionnelles et les abus de pouvoir qui s’y produisent. Même si on en trouve dans tous les secteurs, l’aggravation induite du
Histoire des enfants, des familles et des institutions d’assistance. La protection de l’enfance de l’Antiquité à nos jours
TIGREAT Hervé, PLANCHE Pascale, GOASCOZ Jean-Luc, Éd. L’Harmattan, 2019, 272 p.
La protection de l’enfance n’est pas une préoccupation contemporaine. Aussi loin que remontent les traces d’écriture, elle a toujours été présente. Ce livre nous en fait une description précise et détaillée. A commencer par la riche organisation sociale et familiale de l’empire romain. L’autorité toute puissante du paterfamilias lui attribue un droit de vie et de mort sur tous les membres de son foyer, de l’esclave jusqu’à sa femme en passant par son enfant qu’il
Quel monde associatif demain?
Patricia Coler, Marie-Catherine Henry, Jean-Louis Laville, Gilles Rouby, Collectif, Éd. érès, 2021, 191 p.
Le mouvement associatif propose une grille de lecture qui tourne le dos aux valeurs diamétralement opposées affichées par la dictature du marché et de la finance : protection sociale réduisant les inégalités contre logique néolibérale les creusant ; délégation de service public contre privatisation de la solidarité nationale ; démocratie, coopération et utilité sociale contre généralisation des principes de gestion comptable à l’ensemble
À quoi sert la philanthropie ?
MINOT Didier, Éd Charles Leopold Mayer, 2019, 203 p.
La philanthropie serait un engagement au service du bien commun. En fait, elle est fondée sur un paradoxe : soulager d’une main la misère qu’elle a créée de l’autre ! « Les riches ont toujours légitimé leur situation, en faisant preuve de générosité » rappelle Didier Minot (p.29). Il serait logique de concevoir que ces démarches caritatives travaillent à leur disparition. Elles ne font, en fait, que circonscrire les inégalités, pas de s’y attaquer : aucun de ces riches donateurs ne veut
Du social business à l’économie solidaire. Critique de l’innovation sociale
COLER Patricia, HENRY Marie-Catherine, LAVILLE Jean-Louis, ROUBY Gilles, Éd. érès, 2020, 331 p.
Si la conception dominante de l’innovation sociale consistait à approfondir toujours plus la démocratie, en intégrant de nouvelles formes d’expression publique des citoyens, salariés et usagers. Si elle avait pour ambition d’accompagner les initiatives et projets à vocation sociale, solidaire et écologique. Si elle était fondée sur la subordination de l’économie à des objectifs d’émancipation. Mais, ce qu’elle cherche à nous vendre, c’est
Il faut s’adapter. Sur un nouvel impératif politique
STIEGLER Barbara, Éd. Gallimard, 2019, 336 p.
Mais d’où vient ce sentiment diffus, mais généralisé, d’un retard impliquant la nécessité d’évoluer, en s’adaptant aux mutations d’un nouvel environnement instable, complètement changeant et ouvert ? Barbara Stiegler fait remonter la généalogie de cet impératif à l’américain Walter Lippmann. Sans y voir là l’unique source d’un néolibéralisme aux expressions multiples, elle met à jour une idéologie dont bien des discours contemporains semblent s’inspirer. La grande dépression des années 1930 avait