Les publications en sciences humaines sont nombreuses et d’une richesse impressionnante.La lecture de centaines d’ouvrages a constitué, à chaque fois, un moment de plaisir et de grande satisfaction intellectuelle. J'espère que l’internaute trouve dans ces critiques l’envie de se plonger, à son tour, dans ces livres

Aux origines, l’archéologie

DEMOULE Jean-Paul, Éd. La Découverte, 2020, 332 p.

L’instrumentalisation du passé à toujours été une arme au service des préoccupations idéologiques, politiques et sociales. La fable des quarante rois et quinze siècles qui « ont fait la France », le mythe du baptême fondateur de Clovis servant à légitimer la royauté, une Jeanne d’Arc victime en fait non de l’envahisseur mais de la dispute entre deux fractions de la noblesse (les Bourguignons et les Armagnacs) … Le marché de l’histoire réactionnaire se porte bien, revendiquant un roman

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Histoire mondiale du bonheur

DURPAIRE François (Sous la direction), Éd. Cherche Midi, 2020, 443 p.

Si le développement personnel en a fait son sujet central, sa quête est aussi ancienne que notre espèce. Pour autant, ses représentations sont multiples. Il est dans la satisfaction immédiate pour les hédonistes grecs, mais différée pour les eudémonistes. Pour les stoïciens, c’est la vertu qui y conduit alors que pour les épicuriens, elle en est le produit.   Niché dans le jardin secret de chacun pour les Japonais, dans la réalisation personnelle pour les bouddhistes ou

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Travailler. La grande affaire de l’humanité

SUZMAN James, 2021, Éd. Flammarion, 474 p.

S’il est un mythe tenace, c’est bien celui de l’homo economicus : nous serions des créatures égoïstes, coincées entre nos désirs infinis et nos moyens limités, contraintes à travailler toujours plus pour produire des richesses et consommer plus de biens. Et pourtant, notre espèce n’a pas toujours accumulé de la nourriture et encore moins de richesse, pas toujours obnubilée par la préservation d’un quelconque rang social. Loin d’être confrontée à la famine et à la sauvagerie, elle consacrait quinze à

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Humanité. Une histoire optimiste

BREGMAN Rutger, Éd. du Seuil, 2020, 426 p.

Et si la vision négative d’une humanité fondamentalement mauvaise, naturellement animée par des réflexes égoïstes, agressifs et violents n’était qu’en partie vraie ? Certes, l’espèce humaine a démontré à travers l’histoire, sa facilité à commettre les pires atrocités. Mais, en y regardant de plus près, il semble qu’elle soit aussi programmée pour se montrer sociable et solidaire, condition sine qua non pendant longtemps de sa survie. Les nombreux exemples décrits par l’auteur le démontrent avec

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Enfants et familles vulnérables en protection de l’enfance

BOUTANQUOI Michel et LACHARITE Carl (sous la direction), Éd. Presse universitaire de Franche-Comté, 2020, 259 p.

Si les années 1990 ont vu apparaître et se généraliser le concept d’exclusion, la décennie 2010 a privilégié celui de vulnérabilité. Ce concept séduisant mérite pourtant d’être interrogé. La condition humaine est fragile et tout individu est faillible. Pourquoi opposer des populations réifiées dans un statut figé dans une faiblesse immuable face à des travailleurs sociaux réputés sauveurs infaillibles ? Une telle approche

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Enfant mal placé

MARTY Hakan, Éd. Max Milo, 2020, 283 p.

Et si la protection de l’enfance relevait d’une complexité bien plus contrastée que certaines représentations caricaturales médiatiques nous laissent entrevoir ? Le récit de vie d’Hakan Marty en est une illustration édifiante. Issu d’une famille où les enfants sont placés depuis trois générations, il nous décrit sa mère comme une adulte inconstante, dealeuse, prostituée et droguée qui eut la lucidité de le déposer dans la pouponnière où elle avait elle-même commencé sa vie. Sans n’avoir jamais réussi à

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Enfants placés. Il était une fois un naufrage

VATON Marie, Éd. Flammarion, 2021, 279 p.

Marie Vaton a mené son enquête auprès des juges des enfants, des éducateurs, des assistants sociaux et des assistants familiaux travaillant en protection de l’enfance. Bien sûr, elle décrit des professionnels extraordinaires qui se consacrent pleinement à leur mission, ne comptant ni leur temps, ni leur énergie. Mais, elle dénonce tout autant les dérives, les violences institutionnelles et les abus de pouvoir qui s’y produisent. Même si on en trouve dans tous les secteurs, l’aggravation induite du

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Histoire des enfants, des familles et des institutions d’assistance. La protection de l’enfance de l’Antiquité à nos jours

TIGREAT Hervé, PLANCHE Pascale, GOASCOZ Jean-Luc, Éd. L’Harmattan, 2019, 272 p.

La protection de l’enfance n’est pas une préoccupation contemporaine. Aussi loin que remontent les traces d’écriture, elle a toujours été présente. Ce livre nous en fait une description précise et détaillée. A commencer par la riche organisation sociale et familiale de l’empire romain. L’autorité toute puissante du paterfamilias lui attribue un droit de vie et de mort sur tous les membres de son foyer, de l’esclave jusqu’à sa femme en passant par son enfant qu’il

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Quel monde associatif demain?

Patricia Coler, Marie-Catherine Henry, Jean-Louis Laville, Gilles Rouby, Collectif, Éd. érès, 2021, 191 p.

Le mouvement associatif propose une grille de lecture qui tourne le dos aux valeurs diamétralement opposées affichées par la dictature du marché et de la finance : protection sociale réduisant les inégalités contre logique néolibérale les creusant ; délégation de service public contre privatisation de la solidarité nationale ; démocratie, coopération et utilité sociale contre généralisation des principes de gestion comptable à l’ensemble

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À quoi sert la philanthropie ?

MINOT Didier, Éd Charles Leopold Mayer, 2019, 203 p.

La philanthropie serait un engagement au service du bien commun. En fait, elle est fondée sur un paradoxe : soulager d’une main la misère qu’elle a créée de l’autre ! « Les riches ont toujours légitimé leur situation, en faisant preuve de générosité » rappelle Didier Minot (p.29). Il serait logique de concevoir que ces démarches caritatives travaillent à leur disparition. Elles ne font, en fait, que circonscrire les inégalités, pas de s’y attaquer : aucun de ces riches donateurs ne veut

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