Livres
Maman, les p’tits bateaux
MAZART Claire, Éd. Le Muscadier, 2020, 80 p.
Au lecteur qui pense qu’il devrait toujours être facile à un enfant de révéler à ses proches les violences qu’il subit, on ne peut que lui conseiller de lire ce roman mettant en scène une adolescente aux prises avec une agression inommable. Ici, tout est suggéré et induit, avant que la violence vécue ne soit petit à petit révélée dans toute son horreur. Pas de risque donc d’être confronté à des descriptions crues ou voyeuristes. Mais, l’opportunité de comprendre les sentiments de mal-être, de
Souvenirs en bataille
SENSEI Shikabane, Éd. Akata, 2021, 184 p.
Shikabane n’a jamais connu sa mère. Le projet de vie avec son père, qui s’est mis en couple avec une autre femme, n’est jamais allé à son terme. L’enfant a été élevé par sa grand-mère qui, malgré son extrême pauvreté, lui a apporté la tendresse et l’affection qui lui ont permis de bien grandir. Il est devenu un adulte équilibré. Mais voilà que son aïeule est atteinte de démence. Elle entre régulièrement dans des épisodes d’hallucination et peut se montrer très agressive. Même chez le coiffeur, elle ne
À corps parfait
MOESCHLER Vinciane, Éd. Le Muscadier, 2020, 222 p.
Anton et Audrey sont deux ados ordinaires. Sauf que l’un est en difficulté au collège et l’autre brillante scolairement. L’un vit dans une famille attentive, quand l’autre voit ses parents rarement car toujours partis aux quatre coins du monde. L’un pratique assidument le basket, pendant que l’autre est experte en haïkus, ces poèmes japonais de quelques mots. Bien sûr, une relation amoureuse va se tisser entre eux. Mais, elle va se heurter à un obstacle de taille : l’anorexie mentale dont
#Tous debout
MAROT-CINDY VAN WILDER Agnès, Éd. Hugo, 2021, 374 p.
Nous voilà plongés au cœur d’un lycée où se croisent des adolescentes et adolescents à la libido ouverte sur l’ensemble des possibles. Leurs jeux amoureux vont bien au-delà du seul registre hétéronormé, se déployant dans une homosexualité et bisexualité qui font plaisir à découvrir. Si la banalisation de ces multiples formes de relations semble acquise dans ce roman, elle est loin de l’être dans la réalité. Bien sûr, les réseaux sociaux s’en mêlent avec un étrange corbeau qui révèle au
Sale gosse
Plain Mathieu, Éd. L’Iconoclaste, 2019, 350 p.
Yannis a été placé à la naissance, Louise sa mère toxicomane étant trop submergée par ses propres difficultés pour l’assumer. L’enfant est confié à Thierry et Anna, famille d’accueil de l’Aide sociale à l’enfance. Tout pourrait bien se passer. Mais il n’y aurait pas matière à roman. Quand Yannis atteint ses quinze ans, un juge des enfants décide de son retour auprès d’une mère qu’il connaît à peine. Comme on peut s’y attendre, tout explose. L’adolescent se retrouve en foyer de la Protection
Le petit garçon qui voulait grandir
Granier Régis, Éd. Librinova, 2020, 179 p.
Avoir travaillé plus de quarante ans comme éducateur spécialisé dans des maisons d’enfants à caractère social, cela laisse bien des souvenirs. Régis Granier en a retiré un récit décrivant sa profession avec autant d’humour que de tendresse. La confrontation aux plus durs des jeunes accueillis ne nous est pas épargnée, pas plus que celle avec les plus fumistes des professionnels ou avec le plus procédurier des directeurs. Mais là n’est pas l’essentiel. Coups de gueule, émotion palpable, incidents
Leçons d’humour
HUMBEECK Bruno, Ed. Mols, 2017, 271 p.
Manquer d’aptitude à supporter toute forme de drôlerie est considéré comme une tare sociale, une faiblesse psychologique, voire une infirmité.
Pourtant, l’humour n’est pas exempt de toute charge agressive et peut provoquer le pire comme le meilleur. Entre la moquerie qui tue et la plaisanterie qui relève, il peut tout autant exclure qu’inclure, anéantir que construire, permettre à l’opprimé de résister autant qu’au dominant de l’écraser. Un sourire sardonique et un éclat de rire diabolique peuvent
L’humour. Un défi aux certitudes
PATTI Marie-France, Ed. InPress, 2017, 151 p.
Le rire peut exclure l’humour et l’humour ne pas faire rire. L’humour se pose comme une énigme et un défi : il souligne certains aspects plaisants, insolites ou absurdes de la réalité, mais trouve ses limites dans l’idéalisation des valeurs et le seuil de tolérance à la critique et à la liberté d’expression. Volontaire et consciente, cette disposition individuelle se rajoute aux autres sens, sans être forcément présente chez tout le monde.
L’ancien testament distinguait le rire joyeux du rire
De quoi se moque-t-on? Satire et liberté d’expression
PASSARD Cédric et RAMOND Denis (sous la direction), 2021, Éd. CNRS, 393 p.
Si les vingt-deux contributeurs de ce recueil d’études universitaires décrivent l’ancienneté de la satire, depuis l’antiquité jusqu’à Charlie, en passant par Coluche ou le Canard, ils démontrent tout autant la persévérance de la suspicion qui l’entoure. Logique : rien ne serait pire pour elle de ne déclencher aucune émotion chez son lecteur-complice ou chez son ennemi. Mais pour être tributaires des normes du risible de chaque époque, l’humour, l’exagération et la
Rire. Une anthropologie du rieur
LE BRETON David, éd. Métailé, 2018, 254 p.
Le rire ne peut être réduit à ce qui est risible. Car, si tout est susceptible de le devenir, ce qui rend l’un hilare, laissera l’autre de marbre. Il n’existe donc pas sans la signification qui lui donne naissance. Il est le résultat d’une situation qui prend sens aux yeux d’un individu particulier, par son décalage avec la norme ou le réel. Ses sources sont infinies. S’il s’enracine d’abord dans la joie et la bonne humeur, il peut tout autant être l’expression de la détresse, de la honte que de la