EN SOUFFRANCE
Fragments sur le handicap et la vulnérabilité. Pour une révolution de la pensée et de l’action
Charles GARDOU, érès, 2005, 261 p.
Une société se définit essentiellement par la façon dont elle institue l’idée de normalité et par la considération qu’elle accorde aux plus fragiles. Notre époque, en imposant comme valeurs dominantes la performance, la réussite individuelle, la rentabilité et la productivité ne pouvait que distinguer les bien-portants des handicapés considérés comme un groupe en soi, un genre, une humanité spécifique. C’est cette pensée dualiste qui voit dans la diversité l’opposition des contraires qu’il faut remettre en
Penser le handicap mental
Sous la direction de Gérard ZRIBI et Jean-Louis CHAPELLIER, éditions ENSP, 2005, 264 p.
Les personnes atteintes de handicap sont capables d’aimer, d’apprendre, de ressentir des émotions, d’évoluer, de régresser et de vieillir. Elles ne doivent pas être réduites à l’impact réel ou supposé de leurs déficiences. Cette noble et juste profession de foi se heurte toutefois à des représentations tellement intolérables qu’elles peuvent faire effraction dans le psychisme et pulvériser les systèmes de pensée. Cette question serait-elle donc du domaine
Le placement de l’enfant victime. Une mesure irrespectueuse
Marcelle BONGRAIN, L’Harmattan, 2004, 140 p.
L’avantage avec le livre de Marcelle Bongrain, c’est qu’on en a deux pour le prix d’un ! L’auteur nous fait, tout d’abord une brillante démonstration de ce que peut donner l’idéologie familialiste, avant de laminer ensuite l’essentiel de son argumentation. Commençons donc par cette défense et illustration du droit inconditionnel des parents. « L’enfant mineur n’a qu’une place, celle d’être dans sa famille. L’enfant habite chez ses parents. Il ne peut avoir une autre place » (p.15)
Handicap, éthique et institution
Jean-François GOMEZ, Dunod, 2005, 202 p.
La lecture de ce Jean-François Gomez-là est un vrai régal. Recueil de différentes interventions faites par l’auteur en diverses occasions, l’ensemble, loin d’être disparate est traversé par la sagesse qu’apportent une longe expérience et une fibre humaniste qui vibre encore comme au premier jour. Déclinons le titre choisi, pour le vérifier. Le handicap, tout d’abord, premier terme de la trilogie de l’intitulé du livre. Penser que les fous, les déficients mentaux, les déviants, les pauvres sont sans
La fabrique sociale des handicapés: journal d’une auto-fiction
Marc LOSSON, Le bord de l’eau éditions, 2005, 164 p.
La fabrique sociale des handicapés est l’une des deux plus importantes entreprises, la seconde après la fabrique de vieillards. Elle prône le libéralisme absolu au sujet de l’aide auprès des enfants éducables. Le décideurs sont d’accord, étant surtout attirés par tout ce qui leur permettra de se dégager de ce qui coûte. Et notre besoin d’humanité et de dignité ne fait qu’augmenter les coûts sociaux des plus improductifs qui soient. Le Président de la Fabrique, entre deux plongeons dans sa
Cœur de femmes. De l’inexistence à l’existence. Mon engagement aux côtés des femmes de la rue
Mona CHASSERIO, Audibert, 2005, 224 p.
L’ouvrage que nous propose ici Mona Chasserio s’impose par son humanisme, sa sensibilité et son intensité. Une fois commencé, il est difficile au lecteur de le refermer, avant d’en avoir lu la dernière page. L’auteur nous décrit d’abord son curieux itinéraire d’épouse, de mère de famille et de salariée qui abandonne tout pour, à quarante ans, aller à la rencontre des sans domicile fixes. Si elle se fait très vite accepter, c’est parce qu’elle les regarde « comme des hommes et des femmes à part entière »
L’enfant des rues. Contribution à une socio anthropologie de l’enfant en grande difficulté dans l’espace urbain
Sous la direction de Stéphane TESSIER, L’Harmattan, 2005, 471 p.
Il existe peu d’études qui tentent de décrire le fonctionnement interne des groupes d’enfants que l’urbanisation, la démographie, la crise économique ou familiale ont contraint à vivre dans la rue. Pourtant, cette réalité, même si elle est parfois niée ou sous-estimée, se retrouve aux quatre coins du monde. L’ouvrage coordonné par Stéphane Tessier apporte une réflexion tout à fait passionnante, pour quiconque veut tenter de comprendre cette question. Il y a les enfants de la
Travail de rue et personnes à la marge. Les rencontres des "acteurs" de la rue
Sous la direction de Serge ESCOTS, érès, 2005, 192 p.
Ils sont un certain nombre à Toulouse, à intervenir auprès des personnes vivant dans la rue : professionnels et bénévoles, lieux d’accueil pour sans domicile fixe et intervenants choisissant d’aller à la rencontre du public là où il vit, intervention plutôt sanitaire ou plutôt sociale etc… De septembre 2000 à juin 2001, ils ont croisé leurs regards, confronté leurs expériences, comparé leurs motivations et interrogé leurs éthiques, au cours de neuf rencontres qui ont trouvé leur
Combattre les exclusions. Aux sources de nos engagements
Michel FALISE, Chronique Sociale, 2004, 167 p
« L’exclusion n’est ni fatale, ni définitive (…) la société peut faire plus et mieux pour la prévenir, la réduire, l’éliminer » (p.19) C’est sur cette proposition de principe que l’auteur, universitaire, économiste et ancien Président du mouvement « Habitat & Humanisme » nous propose une réflexion pleine de sensibilité et d’intelligence. Il commence par un constat roboratif porté sur la montée d’une culture stérile de protestation-résignation qui se contente de mettre en accusation la
Oser réussir l’insertion
Catherine BERNATET, éditions de l’Atelier, 2005, 187 p.
La succession des dispositifs et des lois d’insertion à laquelle nous assistons depuis trente ans n’a réussi à enrayer ni le chômage, ni la paupérisation. Au point de s’interroger sur le but recherché : ne s’agirait-il pas finalement de gérer un volant de chômeurs réputés incompressibles, tel un cautère destiné à panser sans jamais soigner ? Pour les uns, les demandeurs d’emploi souffriraient d’un déficit d’« employabilité », leurs compétences étant trop décalées par rapport aux