Livres
Longues peines. Le pari de la réinsertion
LAFLAQUIÈRE Philippe, Ed. Milan, 2012, 222 p.
Que d’idées reçues sur une justice qui négligerait les victimes et cajolerait les délinquants dans des prisons trois étoiles. Heureusement, des ouvrages comme celui de Philippe Laflaquière viennent combattre avec efficacité tous ces clichés, en restituant une réalité plus complexe et bien moins caricaturale. L’auteur décrit le travail fait main et au cas par cas, de ces juges d’application des peines qui ont la lourde responsabilité de décider des aménagements prévus par la loi, en pesant
Faut-il aimer pour accompagner?
MOREL Didier, in « Malaise dans la relation » Le Sociographe n°36, septembre 2011
Comment faire face aux sentiments éprouvés qui s’imposent à nous sans les avoir recherchés, dans l’accompagnement ? Posée autrement, la question est bien de savoir si la présence de l’Autre nous est plus ou moins agréable. Didier Morel répond à cette interrogation fondamentale, tout d’abord, en s’attaquant du poncif largement répandu, fixant comme condition première de toute relation avec des enfants, le fait de les aimer. Effectivement, ne pas apprécier leur
En France
AUBENAS Florence, Ed. de l’Olivier, 2014, 238 p.
Quand les psys sondent la psyché et les sociologues décryptent les sociétés, Françoise Aubenas, elle, passe au scanner la France profonde. De ses visites dans les coins les plus reculés, elle en a tiré des chroniques publiées dans le journal Le Monde. A celui qui lui demanda, un jour, si elle n’était pas fatiguée de parler des chiens écrasés, elle répondit avoir plutôt le sentiment de décrire des humains écrasés. Le ton est donné. Cette journaliste à qui l’on doit le magnifique récit « Le quai
Nouvelle gestion des SDF. Comparaisons internationales de politiques pour les sans abri
DEQUIRÉ Anne-Françoise et RULLAC Stéphane (sous la direction), Le Sociographe n°48, Ed. Champ Social, Décembre 2014, 144 p.
Selon une enquête conjointe de l’INSEE et de l’INED, les sans domiciles fixes étaient, en 2012, au nombre de 141.500 (soit une augmentation de 50% par rapport à 2001). Un peu moins de la moitié serait hébergée en collectif, le tiers en logement individuel, 10 % en hôtel et les derniers 10 % seraient toujours sans abri. La proportion du nombre d’étrangers sans papiers serait passée de 38 à 52% sur ces mêmes périodes. Fort
Des objets de rencontre. Une saison chez Emmaüs
BENINCÀ Lise, Ed. Joelle Losfeld, 212 p.
Lise Benincà s’est installée en résidence d’écrivain, pendant neuf mois, dans le hall d’exposition d’une antenne d’Emmaüs à Paris. Elle nous en livre un récit chatoyant et rempli de poésie, rédigé d’une plume alerte. Ce qu’elle nous décrit d’abord, c’est le foisonnement de tous ces objets hétéroclites au passé non identifié, marqués par un destin et une existence : ce lit dans lequel on a dormi, cette fourchette ayant servi à manger, cette robe dans laquelle on a vécu, ces cadres qui ont orné des murs
Député, pour que ça change. Du RMI à l’assemblée nationale
POUZOL Michel, Le Cherche midi éditeur, 2013, 303 p.
En ces temps de défiance à l’égard d’une classe politique flétrie par les scandales et les passe-droits, voilà un ouvrage détonnant. Le personnage qui l’écrit est une âme pure, de celle qui est passée par les pires moments de l’existence et sait de quoi il parle, quand il appelle à combattre la détresse, la misère et l’exclusion. Michel Pouzol, issu de milieux modestes, devient journaliste, réalisateur et scénariste. La précarité de cette profession le précipite dans la chute. Couvert de
L’affectif et la protection de l’enfance
ALLARD Christian, Ed. ESF, 2013.
Parmi les besoins vitaux que ressent le petit d’homme, il y a celui d’être aimé. Pour grandir dans de bonnes conditions, il est certes nécessaire qu’il bénéficie d’un confort physique et d’une sécurité psychique intérieure, mais tout autant de relations humaines et humanisantes. Et cette humanisation est structurée par le ressenti de sensations, d’émois et de sentiments. Le point de vue de Christian Allard est tranché, net et sans bavure : sans tendresse pas d’éveil, sans émotion pas de pensée mise en
A girl at my door
Réalisé par July Jung, 2014
Le film « A girl at my door » nous vient de Corée du Sud. Malgré l’ovation de trois minutes que les spectateurs lui ont fait, lors du Festival de Cannes 2014, sa diffusion reste confidentielle. Le spectateur intéressé devra guetter la programmation, dans les salles d’art et essai, pour ne pas le rater. Sa projection aurait pu servir d’introduction à la journée du 20 janvier. Young-Nam, jeune commissaire de police prenant un poste dans un village de pêcheurs ne tarde pas à repérer une situation de maltraitance sur
Un battement d’Elle
POURTALET Philippe, Ed. Arcane 17, 2014, 121 p.
Il y a, d’abord, cette approche implicite qui préfère souligner, évoquer et suggérer par touches successives, plutôt que de démontrer, justifier ou établir. Il y a, ensuite, ce style sensible qui manie la poésie et le lyrisme, le magnétisme de l’auteur produisant une sorte d’envoûtement chez son lecteur. Et puis, il y a ce déroulement du récit qui alterne des retours en arrière et des bonds en avant, refusant toute chronologie, au profit de flashs de mémoire et de traces laissées par des scènes
La défète des mères
HEME Lisa, Ed. Les 2 encres, 2013, 125 p.
Il faut une certaine audace, pour écrire un tel livre qui fait tomber de son piédestal la figure mythique de la maternité et désacralise son symbole de courage et d’abnégation exalté par notre société. Si l'auteure ne s'est pas donnée pour mission de diaboliser toutes les mères, elle s'autorise à dénoncer l'imposture de certaines d'entre elles. Il y a cette mère qui a bu, qui boit et qui boira et celle qui a fui sa prison familiale d’origine pour tomber dans une geôle conjugale qu’elle ne supporte