Du Séraphin au Malin

Instaurée en 2004, la tarification à l’acte (T2A) détermine la rémunération des hôpitaux en fonction de la valeur moyenne de chaque acte médical fixé nationalement par une « échelle nationale des coûts » dont la pertinence n’a échappé à personne. Ce qui compte, dès lors, n’est plus le soin singulier apporté à chaque patient unique, mais la rentabilité. Confrontées aux injonctions de leurs directions financières, les équipes de soignants se voient intimer de ne pas dépasser le tarif établi. Il leur faut augmenter les cadences, réduire la durée des consultations, éviter une longue hospitalisation en privilégiant l’ambulatoire. Cette volonté de transformer l’hôpital en entreprise compétitive est une telle calamité que l’Etat a décidé de ne pas s’en arrêter à un seul désastre, mais d’en commettre d’autres. Après avoir éreinté les hôpitaux, voilà que nos technocrates ont commencé à le faire de même avec le médico-social. Impulsée en 2014, le projet SERAFIN-PH concerne les établissements médico-sociaux. Deux nomenclatures ont été élaborées décrivant pour l’une les besoins des usagers et précisant pour l’autre les prestations répondant à ces besoins. Et devinez ? C’est l’adéquation entre l’une et l’autre qui décide de la rémunération des actes d’accompagnement sociaux, éducatifs et sanitaires. Il ne reste plus qu’à fixer le temps moyen (et leur paiement correspondant) d’une toilette, de l’apprentissage de la propreté ou de l’acquisition de l’autonomie. Pour ce qui est de la gestion d’une crise d’angoisse, d’un réveil en pleine nuit suite à un cauchemar ou de l’accompagnement d’idées suicidaires, nos têtes d’œuf travailleraient encore à leur cotation, pour tenter de les intégrer aux algorithmes. Au moins, on va créer de l’emploi utile : de nouveaux gestionnaires seront recrutés pour comptabiliser tous ces actes et les répertorier grâce à des logiciels idoines. Quand la technologisation du travail social avance, l’humain qui est son cœur de métier recule.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1275 ■ 09/06/2020

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Dans notre démocratie, rien n’interdit de croire en un Dieu ni de le blasphémer. Par contre, être agressé pour avoir exercé l’une ou l’autre de ces libertés est lourdement condamné. Car, ce qui fonde le lien social qui nous fait vivre ensemble, c’est la cohabitation des convictions religieuses, politiques ou philosophiques qui peuvent débattre, voire s’affronter, mais dans le respect de la loi ...
Ordonnance du 2 février 1945 : une réforme pour quoi faire ?
Déjà révisée une quarantaine de fois, l’ordonnance du 2 février 1945, est soumise à une nouvelle réforme. Nicole Belloubet, ministre de la justice, a décidé d’agir par ordonnances, sans consulter les praticiens qui travaillent au quotidien auprès des mineurs concernés. Avant de donner la parole à Jean-Pierre Rosenczveig, spécialiste de la justice des mineurs, et ce que l’option éducative apporte à...
L’exception qui confirme la règle
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L’UNICEF- France est une association admirable, luttant depuis longtemps pour les droits humains en général et les droits de l’enfant en particulier. En cela, il faut lui rendre hommage. Mais cela ne doit pas interdire de critiquer certaines de ses prises de position, à l’image de sa charte additionnelle pour la protection de l’enfance. J’avais déjà eu l’occasion de m’offusquer, en prenant...
Consultation professionnelle anonyme - 49
S.O.S. Professionnels en difficulté La confrontation aux situations de maltraitance est toujours une épreuve difficile. Que faire quand médecin, professeur, travailleuse familiale, travailleur social …on est confronté à la nécessité d’un signalement et qu’on hésite, qu’on se pose des questions, qu’on a peur d’agir et encore plus de ne rien faire ? Pour celles et ceux qui travaillent en ...
Au clair de la rue
On parle souvent des SDF avec pitié et commisération. La chorale qu’ils ont formée à Nantes montre qu’ils peuvent tout autant provoquer du bonheur et de l’admiration. En ce samedi 4 juin, la place Royale à Nantes est le lieu choisi par Amnesty International pour fêter les 50 ans de sa création, en 1961. Parmi les groupes de musique, venus fêter gratuitement l’évènement, il en est un qui a...




Comprendre la protection de l’enfance - Découvrez l’ASE comme jamais auparavant !

Ce livre démystifie l’Aide sociale à l’enfance (ASE) en répondant à 100 idées reçues. Plongez dans les aspects historiques, juridiques, sociologiques et psychologiques de cette institution essentielle. À travers les éclairages sur le fonctionnement, les objectifs, les limites et les évolutions de l’ASE, ce livre est une ressource précieuse pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur cette administration clé de la protection de l’enfance. Découvrez les pratiques professionnelles, les défis quotidiens et les avancées de l’ASE à travers des réponses courtes, détaillées et précises.

Ce livre s’adresse principalement aux professionnels de l’action sociale et aux étudiants, mais il intéressera également les journalistes, universitaires, décideurs politiques, enfants et familles confrontés à l’ASE, ainsi que tout public désireux d’approfondir ses connaissances sur ces dispositifs souvent méconnus. Un ouvrage essentiel pour lever le voile sur cette institution discrète mais cruciale.

« Aujourd’hui à la retraite, Jacques Trémintin a accepté ce défi et il sait de quoi il parle, cette institution, il lui a consacré près de trente ans de sa carrière professionnelle. Il en connaît les arcanes, les moindres recoins. Il en connaît les hommes et les organisations, il a soutenu ses ambitions, s’est heurté à ses contradictions. Il a côtoyé tant d’enfants que ces enfants font désormais partie de lui. Il le dit lui-même, il s’est trompé parfois, il a essayé souvent, mais jamais il n’a triché. » (Extrait de la préface de Xavier Bouchereau, ancien éducateur spécialisé en AEMO, chef de service éducatif)

 « 100 idées reçues sur l’aide sociale à l’enfance » Jacques Trémintin, Éd. EHESP, 2024, 313 p.

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« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

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