Est-ce grave, docteur ?

Le travail social a toujours été traversé par des préceptes sensés résumer son essence … du moment. Le dernier slogan à la mode s’inspire d’une phrase attribuée tantôt à Mandela, tantôt à Gandhi : « tout ce que vous faites pour moi sans moi, vous le faites contre moi. » S’il s’agit de prendre en compte la personne que l’on accompagne dans une dynamique de co-appropriation de sa problématique, le sens de cet aphorisme est plutôt pertinent. Pourtant, il est de multiples circonstances où il s’avère contre-productif. La petite grand-mère qui vient faire remplir, comme chaque année, sa déclaration d’impôts à laquelle elle prétend ne rien comprendre. La famille qui n’a toujours pas finalisé sa demande de bourses, à la veille de la date butoir. Le jeune adulte accédant à son premier logement qui tarde à remplir son dossier d’APL. L’allocataire qui traine à faire valoir ses droits au RSA. Le retraité qui n’a pas encore liquidé sa pension... Tout travailleur social les a rencontrés, ces usagers. Bien sûr, on les encourage, effectivement on les incite, assurément on les accompagne dans leurs démarches. Mais il arrive aussi qu’on fasse à leur place. Parce qu’ils sont réfractaires à tout acte administratif. Parce qu’ils sont définitivement fâchés avec internet. Parce que tout simplement, ça les gave. Ou bien, ils vérifient notre degré d’investissement à leur égard. Ils ne veulent pas que cette autonomie que nous attendons d’eux se traduise par notre abandon. Ou tout simplement, ils délèguent à ceux qui savent faire. Comme tout un chacun qui s’adresse à un professionnel de l’informatique, de la mécanique automobile ou de l’électroménager, quand il a un souci. Le technicien va-t-il lui répondre : « je ne peux réparer, car en faisant sans vous, je ferai contre vous » ? A refuser toute contextualisation dans l’application de certains principes, leur prescription devient tyrannique, leur source de bonne pratique devient réductrice et leur application, dogmatique.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1328 ■ 29/11/2023

A chacun de vos passages sur la page d'accueil, un choix aléatoire de textes archivés s’affiche :
Retour vers le futur
La profession d’éducateur spécialisé est en pleine tempête. Les séjours de rupture semblent être dans l’œil du cyclone, renouant avec un passé que l’on peut revendiquer comme une alternative à une technologisation galopante.  Le creuset de la profession d’éducateur spécialisé fut longtemps centré sur le vivre avec. Il s’agissait pour l’intervenant d’accompagner l’enfant dans le quotidien de son...
Pannonica - musique en prison
De la musique derrière les barreaux Des artistes jouant en prison, ce n’est pas nouveau. Mais, ces initiatives ont pris de l’ampleur depuis 2008, grâce à la persévérance d’un certain nombre d’acteurs. Reportage à Nantes. Le Pannonica est une salle de musiques actuelles située au coeur de Nantes. Cette scène s’est spécialisée, depuis sa création en 1994, dans la diffusion de la musique de jazz....
Jeunes errants de Marseille
Avec les enfants de rues à Marseille Alors que l’opinion publique s’émeut de ces clandestins prenant d’assaut les enclaves espagnoles en Afrique du nord, elle est moins attentive à ce qui se passe sur le territoire français. Coup de projecteur sur le sort réservé aux jeunes errants dans les Rues de Marseille. C’est très régulièrement, que les bateaux en provenance de l’Afrique du nord débarquent à...
Itinéraire découverte 2 - Espagne
Croisière trans-ibérique - Second bulletin d’information Résumé de l’épisode précédent (voir Lien Social n°504). Anabelle Delfosse a conçu un projet fou : faire traverser à pied l’Espagne, du sud au nord, en neuf mois, un groupe d’une dizaine d’adolescent(e)s en grande difficulté, à raison de trois semaines de marche et une semaine dans un camp de base différent à chaque étape. Le jour du départ le 19 ...
SPE et les avocats 1 - St Nazaire (44)
L’éducateur et l’avocat : Rencontre entre les éducateurs de la SPE et les avocats du barreau de St Nazaire Il arrive parfois qu’une collaboration semble difficile. Et puis il suffit d’essayer de se comprendre, pour rendre la démarche bien plus facile. Faire un pas l’un vers l’autre semble si simple... pourquoi ne pas le tenter. Ils se sont engagés et en sont fort satisfaits. Que se passe-t-il ...
Tour de France des BAFA cuisine
dans Articles
Avril 1987, le stage animé une ultime fois, par un couple engagé depuis cinquante ans auprès de la fédération des amicale laïques du Finistère, est scindé en deux. Monsieur forme à l’économat, Madame à la cuisine. Les salariées de cantines, venues se perfectionner, vont exceller. Jamais des repas de collectivité ne furent sans doute autant appréciés. Outre la diversité proposée (à chaque fois ...


Mes livres

En mars 2023, j’ai publié aux éditions érès « Fragments de vie d’un référent ASE ». J’y décrivais, à travers 157 vignettes, le quotidien d’un professionnel de cette administration en charge dans notre pays de la protection de l’enfance 




En septembre 2024, j’ai publié aux éditions EHESP « 100 idées reçues sur l’Aide sociale à l’enfance ». Je tentais de répondre à des idées reçues, des préjugés et des contre-vérités ambiantes portant sur cette administration



En décembre 2025, je publie chez Chronique sociale « 50 nuances d’enfants en danger ». Je me lance dans de pures fictions, inspirées par ma pratique professionnelle, dans lesquelles je décris des idéal-types des situations les plus fréquentes rencontrées en protection de l’enfance. Je mets en scène un(e) mineur(e) ou jeune accompagné(e) est son accompagnateur ou accompagnatrice, chacun(e) décrivant de sa place la situation vécue. Il s’agit bien de propos imaginés, ils sont réalistes avec des personnages inventés mais crédibles.


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« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

Retrouvez les sites

du Journal de l’animation : www.jdanimation.fr
et de mon collègue et ami Didier Dubasque : www.dubasque.org