Livres
A quoi pensent les autistes?
JOUBERT Martin, Ed. Gallimard, 2017, 159 p.
Les premières pages de Martin Joubert sont limpides. Dommage que la suite ne le soit pas toujours. La pathologie de l’autisme, affirme-t-il, se caractérise par une très grande variété de tableaux cliniques. Celui qu’il nous décrit renvoie à cet abîme de perplexité, auquel certaines personnes vivant avec ce syndrome sont confrontées, quand elles font face à l’expression d’une émotion qui représente pour elles un continent mystérieux, une terre étrangère et un univers de non-sens. Vivant avec une
Gabin sans limites. Mon amour de fils autiste
SAVARD Laurent, Ed. Payot, 2018, 174 p.
À 18 mois, Gabin ne dit pas « papa », mais son rire infernal, qui peut durer une bonne demi-heure, lézarde les murs. À deux ans et demi, il ne parle toujours pas. « Peut-être n’a-t-il rien à dire ? », commente le pédiatre. À trois ans, Gabin a déjà fait tous les hôpitaux, tous les labos, tous les examens. C’est au bout de dix ans qu’un diagnostic sera posé. Dans la rue, il ferme tous les volets passant à sa portée. Ses petites voitures, il les aligne méthodiquement sans chercher à les faire rouler. À la
Vivre avec l’autisme. Une expérience relationnelle. Guide à l’usage des soignants
LARBÁN VERA Juan, Ed. érès, 2016, 257 p.
Juan Larbán Vera nous propose ici un ouvrage très didactique utilisant une argumentation solide échappant à l’hermétisme trop souvent nébuleux des psychanalystes. Pourtant, il reprend une rhétorique souvent critiquée. Les causes de l’autisme nous demeurent en grande partie inconnues, explique Bernard Golse dans sa préface ? Par pour l’auteur. Si on ne peut écarter les facteurs environnementaux et génétiques, les causes essentielles sont à rechercher du côté des soins primaires, du style d’éducation et
Fous d’Afrique. L’omerta
SANS Pierre, Ed. C.I.P.P., 2018, 237 p.
Au premier abord, le très charismatique béninois Grégoire Ahongbonon emporte l’adhésion. Illustrant les conférences qu’il donne en occident, en sortant d’un sac de bure les fers utilisés pour la contention des fous d’Afrique, il apparaît comme le nouveau Pinel libérant en 1795 les aliénés de leurs chaînes. Pierre Sans a voulu mettre ses quarante ans de carrière dans la psychiatrie au service de cette œuvre réputée sortir rapidement les malades mentaux de leur enfermement et les réinsérer dans leur
Chroniques d’un éducateur devenu usager. De l’autre côté du mur
PALLARD Vincent, Ed. L’Harmattan, 2018, 210 p.
Comment réussir à honorer ses engagements envers l’autre, quand on est soi-même désengagé de sa propre vie ? Ce paradoxe, Vincent Pallard, moniteur éducateur dans le médico-social, va le résoudre en décidant d’arrêter de travailler pour se faire hospitaliser en psychiatrie. Le récit qu’il nous livre d’une plume alerte est précieux à plus d’un titre. Parce qu’il rompt avec un tabou : nombre de professionnels voués à l’accompagnement d’autrui craquent un jour. Et parce qu’il rend visible le vécu
La folle histoire des idées folles en psychiatrie
CYRULNIK Boris et LEMOINE Patrick (sous la direction), Ed. Odile Jacob, 2016, 275 p.
De tous temps, la psychiatrie n’a parlé pas tant des patients souffrants de maladie mentale que de sa manière de voir le monde et de l’expliquer selon les modèles que lui fournissent son époque et sa culture. Aussi, n’est-il pas étonnant de lire sous la plume de près d’une douzaine de contributeurs, une énumération assez terrifiante des idées saugrenues, voire criminelles qui animèrent cette discipline. Jeter le patient dans une fosse grouillante de serpents
Principal de collège ou imam de la République
RAVET Bernard, Ed. Kero, 2017, 236 p.
Avec un titre aussi racoleur, on s’attend à un contenu plutôt populiste. Le propos est bien plus mesuré. Si on n’a souvent retenu de ce témoignage que l’amertume de ce principal d’avoir dû réorienter, pour le protéger, un élève en provenance d’Israël, il dit aussi bien d’autres choses. Comme cette description du collège Versailles, où il exerça un temps, comme lieu en perdition, oublié, enkysté dans une zone impossible à réhabiliter, coincée sous l’autoroute A7 qui vomit son flot incessant de voitures et
Mon incroyable vie d’instit
SAINT HILAIRE Florence, Ed. Balland, 2017, 176 p.
Haut cadre dans un grand groupe pharmaceutique, l’auteure décide la trentaine révolue, de devenir institutrice. Très vite, elle se spécialise dans la grande difficulté scolaire. Suivant son militaire de mari, la voilà égrenant d’improbables expériences, au gré des différentes mutations de son conjoint. Son passage par l’IUFM n’est guère heureux, se terminant par une évaluation finale assurée par un inspecteur titubant, connu pour ses problèmes d’alcool. Sa première affectation dans les Hauts
Journal d’un psychologue de l’école de la République
CAZENEUVE Michel, Ed. L’Harmattan, 2018, 236 p.
Que fait-on quand on a commencé comme instituteur, continué vingt ans comme directeur dans le social et le médico-social et que l’on veut réintégrer son corps d’origine ? On demande un poste de direction. Les équivalences de diplôme n’existant pas, la seule nomination qui vous est proposée c’est psychologue scolaire. Fort de son doctorat en psychologie l’auteur accepte. Il y perdra une fin de carrière comme cadre. Il y gagnera l’occasion d’investir son savoir faire auprès des plus fragiles
À l’école de l’autonomie. Épreuves et enjeux des dispositifs de deuxième chance
DECHENEAU Benjamin, HOUDEVILLE Gérald, MAZAUD Caroline (sous la direction), Ed. L’Harmattan, 2016, 274 p.
Même si les cohortes concernées par le décrochage scolaire ne représentent plus que 6% d’une classe d’âge (25% en 1975), celui-ci est devenue un problème social et politique. Les pouvoirs publics ont structuré tout un secteur de formation dédié aux jeunes sortant déqualifiés de l’éducation nationale. Ce dispositif est financé par les Conseils régionaux qui lancent des appels d’offre, fixant les contours et les contenus attendus. Comment