Livres
La guerre des civilisations n’aura pas lieu. Coexistence et violence au XXIème siècle
LIOGER Raphaël, CNRS Editions, 2015, 238 p.
Cet essai dense et d’une grande richesse conceptuelle renvoie dos à dos tous les différentialismes partisans d’un soi-disant choc de civilisations que l’auteur conteste. Ce qui compte, explique-t-il, ce n’est pas tant la confession, la spécificité culturelle ou la tradition historique naturalisées et essentialisées qui opposeraient l’occident à l’islam, comme blocs identitaires inconciliables, mais la géographie de la frustration et de la colère issue d’un passé remontant au processus de
L’idéal et la cruauté. Subjectivité et politique de la radicalité
BENSLAMA Fehti et all, Ed. Lignes, 2015, 200 p.
Quels sont les ressorts subjectifs du processus de radicalisation et du passage à l’acte violent ? Fehti Benslama et douze autres contributeurs nous proposent ici une matière à penser tout à fait passionnante. La chute, en 1924, du dernier empire islamiste, remplacé par la république laïque turque a provoqué une onde mélancolique et vengeresse qui alimente encore aujourd’hui la nostalgie d’un califat qui vécut 624 ans. L’effet de souffle réel et symbolique ainsi produit se retrouve dans l’appel
La pensée extrême. Comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques
BONNER Gérald, Ed. Puf, 2015, 368 p.
Il faut se méfier des explications mono causales réduisant le profil polycéphale du fanatique aux seuls facteurs économiques ou sociaux, psychiatriques ou éducatifs. Ceux qui s’abandonnent à la pensée extrême ne sont ni fous, ni incultes, ni désocialisés, ni idiots. Le croire revient à ériger une zone d’étanchéité nous permettant d’ignorer les croyances tout aussi naïves que nous véhiculons et de refuser d’identifier l’irrationalité d’autrui en miroir avec la part la plus obscure de notre propre
Une sexualité pour les personnes handicapées. Réalité, utopie ou projet?
VAGINAY Denis, Ed. Chronique Sociale, 2014, 352 p.
Dans un livre à la fois érudit, impliqué et fécond, Denis Vaginay nous propose une riche conceptualisation et une éthique pleine d'humanisme, pour penser la question de la sexualité et du handicap. Longtemps destinée à rester un éternel enfant, la personne déficiente a toujours produit la crainte et le fantasme d'un déchaînement pulsionnel, dès lors où on la laisserait vivre librement son affectivité. Depuis que les frontières s'estompent progressivement entre l'état de validité et celui de
De l'amour en Autistan
SCHOVANEC Joseph, Ed. Plon, 2015, 224 p.
Voilà un ouvrage formidable qu'il ne faut surtout pas manquer. Pourtant, son écriture peut au premier abord surprendre, semblant quelque peu affectée. Sa description peut apparaître réductrice. Son humour ravageur peut décontenancer, produisant un sentiment de gêne d'avoir à s'esclaffer de la cocasserie de certains comportements. Mais non. La syntaxe est juste particulièrement soinée. La présentation des performances intellectuelles liées au syndrome d'Asperger -l'une des nombreuses tribus de
Vie affective et sexualité en ESSMS. De la prévention des conduites à risques à l’accompagnement à la parentalité
Collectif, Les Cahiers de l’Actif n°464-465-466-467, Janvier-Avril 2015, 334 p.
Jusqu’à la fin du XXème siècle, la vie affective et sexuelle des personnes avec handicap s’est heurtée au tabou et au déni tant des familles que des professionnels, pour qui seule l’imposition de l’abstinence semblait légitime. La stérilisation constitua, longtemps, la forme la plus aboutie d’un contrôle externe sur la fécondité. La représentation de la personne handicapée privilégiait les images de l’ange ou de la bête, asexuée de naissance ou dotée de pulsions
Melville Street
DEVILLE Xavier, Ed. Sulliver, 2015, 180 p.
La Nouvelle-Zélande a appliqué le principe de désinstitutionalisation à ses habitants porteurs de handicap, en fermant les grands internats et en leur substituant des petits lieux de vie. C’est dans l’une de ces maisons que se situe le récit de Xavier Deville qui décrit, dans un style rythmé et dynamique, son vécu auprès d'un groupe d'adultes déficients. Le matin, il les réveille, les aide à s'habiller, veille à ce qu'ils prennent bien leurs médicaments, leur donne leur petit déjeuner et prépare
L’évaluation du travail social : une nécessité impossible?
MORMESSE Marie, Ed. L’Harmattan, 2015, 161 p.
La prétention néo-libérale à vouloir imposer au travail social une évaluation quantitative à travers des objectifs quantifiables a déjà fait l’objet de nombreuses contestations théoriques. L’ouvrage de Marie Mormesse reprend ces critiques en les appuyant sur une analyse de terrain au coeur du service social de l’assurance maladie. Profondément réorganisée, l’action qui s’y déploie dorénavant est soumise à l’obligation de rentabilité et de performance. Des managers la soumettent à des scores
Peut-on vraiment se passer du secret? L’illusion de la transparence
BEN SOUSSAN Patrick et GORI Romand (sous la direction), Ed. érès, 2015, 198 p.
Le secret professionnel désigne-t-il le silence et la réserve, la discrétion et l’intime ou bien au contraire l’opaque et le caché, le clandestin et la dissimulation ? Ils sont une douzaine de psychologues, psychanalystes, philosophes, praticiens hospitaliers et magistrat à répondre à cette question, en articulant cette pratique autour du paradoxe qui la fonde, le droit de cacher s’opposant au droit de savoir. Car, chacun craint à la fois que l’on révèle une
L’empowerment, une pratique émancipatrice?
BACQUÉ Marie-Hélène et BIEWENER Carole, Ed. LaDécouverte/poche, 2015, 175 p.
Voilà un livre bienvenu pour clarifier un peu ce concept d’empowerment qui a déclenché, depuis son arrivée en France dans les années 2000, autant d’engouement que de rejet. Perspective radicale d’émancipation ou nouvelle expression de la doxa néo-libérale ? Les auteurs font le tri dans la polysémie et le flou conceptuel de cette notion. La traduction française du mot est incertaine et insatisfaisante : « affiliation », « pouvoir d’agir », « puissance d’agir »