EN SOUFFRANCE
De l’enfant protégé à l’enfant corrigé
MAUREL Olivier, Éd. L’Harmattan, 2022, 291 p.
La revue de littérature est impressionnante. Olivier Maurel est allé rechercher dans tous les écrits, témoignages, récits, commentaires existants mais aussi dans les descriptions ethnologiques. Le résultat est sans appel : l’histoire de l’humanité se divise en deux. D’un côté, des cueilleurs-chasseurs pour qui il est inconcevable de battre un enfant, de l’autre les sociétés sédentarisées de cultivateurs et d’éleveurs qui en font fait le principe premier de l’éducation. Et ce qui est étonnant
Une histoire des inégalités
SCHEIDEL Walter, Éd. Acte Sud, 2021, 702 p.
Depuis que la société humaine a troqué, dans sa quête de nourriture, le prélèvement par la chasse et la cueillette par la domestication des plantes et des animaux, les tensions qu’ont engendrées les inégalités sont devenues une constante fondamentale de l’humanité. Pendant des milliers d’années, l’histoire a été rythmée par de longues périodes où elles se sont accrues, entrecoupées d’épisodes d’intenses compressions. Mais, le terrible constat de l’auteur est sans appel : aucune action non-violente
Une brève histoire de l’égalité
PIKETTY Thomas, Éd. du Seuil, 2021, 357 p.
La marche vers l’égalité a commencé il y a longtemps déjà et n’est pas prête à se terminer. Ses avancées alternent avec des retours en arrière et des replis identitaires. Son moteur, ce sont les luttes sociales, les révoltes et les révolutions. Son carburant, le suffrage universel et la démocratie parlementaire, l’éducation gratuite et obligatoire, l’assurance maladie universelle et l’impôt progressif, le droit syndical et la liberté de la presse. Même si bien des progrès restent à accomplir, les
Le temps des passions tristes
DUBET François, Éd. du Seuil, 2019, 110 p.
La question sociale, qui concentra pendant longtemps la lutte contre les inégalités, semble se dissoudre aujourd’hui dans les catégories de l’identité, du nationalisme et de la peur. Les colères, les ressentiments et les indignations ne portent plus contre un ordre injuste, mais à travers des revendications spécifiques portées par une multitude de catégories aux frontières invisibles mais trop souvent infranchissables : les femmes, les homosexuels, les précaires, les groupes écologistes ou
Le voyage de l’humanité
GALOR Oded, Éd. Denoël, 2022, 309 p.
Depuis 300 000 ans, l’homo sapiens, a surtout existé dans une économie de survie. Malgré le passage du nomadisme à la sédentarité, il n’a jamais réussi à sortir du dénuement. Le concept de « trappe à pauvreté » de Malthus l’explique bien : toute augmentation de la production, se traduisant par un surplus de nourriture, était absorbée par une hausse du taux de natalité, les nouveaux venus consommant les excédents obtenus. Pourtant, ce cercle vicieux s’est interrompu, quand l’agriculteur analphabète et
De chair et de fer
PUISEUX Charlotte, Éd. La Découverte, 2022, 166 p.
Qui a décidé que marcher, voir, entendre, utiliser le langage oral, percevoir la réalité d’une certaine façon étaient les conditions pour qu’une vie soit digne d’être vécue ? Celle des personnes présentant des handicaps serait donc naturellement inférieure et dotée de moins de valeur ! Confondre la personne avec sa déficience médicale, son manque, sa défaillance, son insuffisance, sa faiblesse organique ou psychologique constitue l’une des traces les plus visibles du système global du
Handicap, pour une révolution participative
ANDRIEU Loïc, SARRAZIN Coralie, Éd. érès, 2022, 116 p.
D’un côté on a les partisans de la désinstitutionalisation qui accusent tout établissement d’inhumanité, de privation de liberté et de restriction de citoyenneté ; de l’autre, leurs détracteurs qui mettent en cause la logique de marché du service de proximité articulant clients et fournisseurs. Et puis, voilà les auteurs de ce livre qui les renvoient dos-à-dos, en recentrant la problématique sur la conception socio-culturelle systémique du handicap qui oppose des demandeurs passifs
Dire l’indicible
KORFF-SAUSSE Simone, Éd. érès, 2021, 168 p.
Quarante ans de carrière auprès des plus vulnérables, avec comme fil rouge l’enfant, l’enfant en souffrance et surtout l’enfant qu’on n’écoute pas. L’obsession de Simone Korff-Sausse a toujours été de rendre intéressant ce qui semblait dénué d’intérêt, d’articuler des données en apparences hétérogènes, de penser à rebours, de renverser les perspectives, de prendre le contrepied des idées reçues et de retrouver les traces des expériences traumatiques. C’est pourquoi face l’incohérence, elle chercha
La fragilité de source
GARDOU Charles, Éd. érès, 2022, 124 p.
Il a longtemps hésité : avait-il le droit d’ouvrir ainsi son jardin secret, au risque d’importuner avec ses affres et ses émois ? Après une vingtaine de livres consacrés au handicap, Charles Gardou nous offre un nouvel écrit où il conjugue son expérience de père d’une enfant atteinte de la maladie de Retz et son regard anthropologique. Mais, qu’il est difficile de manier l’intime avec l’immensité de l’universel. La naissance a dérobé à sa fille ce qu’il y a de plus sacré : son droit à l’enfance, son
La fabrique de l’enfant transgenre
ELIACHEFF Caroline, MASSON Céline, Éd. de l’Observatoire, 2022, 108 p.
En près de dix-quinze ans, le diagnostic de dysphorie de genre a augmenté de 1 000 à 4 000 %, passant de dix demandes par an … à dix demandes par mois. Emergence de besoins jusque-là étouffés ou mystification collective ? Si les auteures s’interrogent sur une banalisation qui a transformé un symptôme psychique à entendre et à interroger en un simple fait social à accompagner, elles s’inquiètent pour l’accès donné à la transition de genre pour les mineurs, dès 11 ans