EN SOUFFRANCE
Pourquoi l’histoire a effacé les femmes
LECOQ Titiou, Éd. L’Iconoclaste, 2021, 328 p.
Il est un mythe tenace qui attribue à l’histoire en général, et celle des femmes en particulier, un sens naturel allant d’un état de servitude totale vers une libération complète. Titiou Lecoq fait justice de cette idée reçue, en parcourant une chronologie qui démontre l’entremêlement d’époques à la fois de liberté et d’oppression. En commençant par une préhistoire marquée par une grande variation de la division du travail entre hommes et femmes, du fait de l’extrême diversité des normes sociales
Fautes de preuves
TURCHI Marine, 2021, Éd. Seuil, 412 p.
Notre justice rencontre un vrai problème avec les violences faites aux femmes. Le livre de Marine Turchi en fait une démonstration particulièrement éclairante. Son enquête est riche, approfondie et toujours soucieuse du contradictoire. Elle a rencontré des centaines de témoins, arpenté le territoire, recoupé les informations. Détaillant, avec précision, les accusations portées contre des personnes connues (Ruggia, Luc Besson, Gérald Darmanin, Polanski) ou contre d’autres qui le sont moins
Les matriarches
FERROUKHI Nadia, Éd. Albin Michel, 2021, 176 p.
Depuis 2008, Nadia Ferroulki sillonne le monde à la rencontre de ces communautés de matriarches dont l’ossature sociale est exempte de domination masculine. Des grand-mères, des mères et des filles ont établi des règles de fonctionnement, sans passer par la loi des hommes, sans pour autant les asservir. Ce sont les Moso, minorité ethnique chinoise qui ignore la fidélité et la jalousie dans les relations homme/femme, l’autorité du géniteur disparaissant derrière celle de l’oncle maternelle, seule
Maraudes Littéraires
CHABANEL Sophie, Éd. L’Aube, 2021, 160 p.
Que vient donc faire une romancière dans une maraude ? Proposer des livres aux gens à la rue peut sembler contre-intuitif. Quand Sophie Chabanel se joint aux bénévoles de la Croix Rouge et de la librairie Decitre, cette curieuse initiative relève de l’évidence. C’est bien à tort que l’on assimile la grande exclusion à une forme d’inculture. Certes, la caisse bleue remplie de livres n’a pas d’emblée forcément grand succès : un amateur sur vingt-six contacts, le premier jour. « Si ça vous
La question SDF
DAMON Julien, Éd. PUF, 2021, 368 p.
Cette troisième édition du livre de Julien Damon paru il y a vingt ans, qui décortiquait les contours de l’une des problématiques essentielles de l’action publique et la manière dont celle-ci y répondait, reste d’une actualité brûlante. Avec, comme seuls changements : toujours plus de sans-abris et de sans domiciles fixes dormant à la rue, très souvent étrangers et un complexe bureaucratico-assistanciel, comme le nomme l’auteur, encore plus embrouillé, les couches de mille-feuilles n’ayant cessé de
Le festin de l’ogre
DAUTEL Stéphanie, Éd. Max Milo, 2021, 239 p.
Qui mieux qu’une victime peut expliquer combien le traumatisme de l’agression sexuelle constitue un poison à effet lent qui provoque d’une manière irréversible des dégâts personnels, collatéraux et transgénérationnels ? Il aura fallu quarante ans d’introspection, de réflexion, de bataille contre les préjugés, les tabous et le silence pour que Stéphanie Dautel écrive ce récit qui plonge au cœur de cette tumeur invisible et maligne qui n’a jamais cessé de la ronger. Tout commence ce 6 juillet 1979
Les enfants d’Asperger
SHEFFER Edith, Éd. Flammarion, 2019, 391 p.
Le suisse Eugen Bleuler décrivit pour la première fois l’autisme en 1911. L’américain Leo Kanner conçut en 1943 le syndrome d’« autisme infantile précoce ». La même année l’autrichien Hans Asperger présenta sa thèse postdoctorale sur l’autisme de haut niveau. Depuis, les sujets qui en sont porteurs sont affublés de son patronyme. Un hommage à reconsidérer. Recruté par le docteur Hamburguer, qui avait adhéré au parti nazi dès 1934, en remplacement les praticiens juifs évincés, Hans Asperger se plia
Avis d’expulsion. Enquête dur l’exploitation de la pauvreté urbaine
DESMOND Mattew, Éd. Lux, 2019, 534 p.
Aux USA, les expulsions locatives étaient rares dans le passé. Elles sont devenues l’un des marqueurs les plus destructeurs de la pauvreté, depuis la crise de 2007. Si un ménage sur sept n’est pas en mesure de payer, c’est que les loyers ont fortement augmenté, alors que les revenus ont stagné. L’engrenage est infernal pour les millions de personnes qui en sont victimes : aussitôt la décision judiciaire prise, le propriétaire peut solliciter le sheriff qui, armé, fait procéder à l’évacuation du logement
Ce que les riches pensent des pauvres
PAUGAM Serge, COUSIN Bruno, GIORGETTI Camila, Éd. Seuil, 2017, 347 p.
En partant d’une étude sur les beaux quartiers de Sao Paulo, Delhi et Paris, les auteurs ont cherché à identifier le regard que portent les riches sur les pauvres. Bien sûr, le contexte est à chaque fois différent. Au Brésil, des favelas côtoient de luxueuses villas protégées à l’intérieur d’espaces clôturés. En Inde, la structuration spatiale est encore fondée sur le système des castes : intouchables dans les bidonvilles et classes supérieures dans les enclaves
Fauchés. Vivre et mourir pauvres
McGARVEY Darren, Éd. Autrement, 2019, 334 p.
Avant de devenir un rappeur écossais très médiatique, Darren McGarvey a eu une existence marquée par la violence et la pauvreté. Rendant hommage au foyer et à la psychologue qui l’ont aidé à s’en sortir, il dénonce tout autant la misère comme source permanente d’un stress qui ronge chaque aspect de la vie, que la victimisation qui empêche de prendre sa destinée en main. Habiter dans des logements humides aux fenêtres ne résistant pas aux bourrasques. Vivre avec cet état d’hypervigilance dans des