ACTION SOCIALE ET ÉDUCATIVE
L’intérêt de l’enfant. Genèse et usage d’une notion équivoque en protection de l’enfance
BRAUKMANN Béatrice et BEHLOUL Salim, Ed. L’Harmattan, 2018, 209 p.
La notion de l’intérêt de l’enfant est à ce point galvaudée, que chacun y place ce qu’il souhaite y trouver. C’est un morceau de caoutchouc sur lequel chaque juge tire pour lui donner la forme qu’il souhaite. C’est un concept si subjectif et si manipulable, si mou et si flou, dépendant essentiellement de ce que veulent en retirer les adultes qu’il autorise tous les abus. Les critiques répertoriées d’emblée par les auteurs permettent de situer combien cette idée s’avère au
Rendre justice aux enfants
ROSENCZVEIG Jean-Pierre, Ed. du Seuil, 2018, 269 p.
On a connu le juge des enfants, le militant des droits des mineurs, l’infatigable artisan associatif. Voilà le patriarche porteur d’une sagesse bienvenue. L’enfant n’étant pas un être achevé, ni un adulte en miniature, il n’a pas la même capacité à distinguer le bien et le mal, ni à mesurer les conséquences de ses actes, répète-t-il inlassablement depuis toujours. Pas étonnant que la jeunesse renvoie en miroir la violence avec laquelle la société la traite si souvent. Inutile d’accuser
Placé, déplacé. De familles d’accueil en foyers, le combat d’un enfant sacrifié
DUROUSSET Adrien, Ed. Michalon, 2016, 204 p.
L’auteur décrit ses parents comme inconscients et dépravés. Lui et son frère David finissent par être signalés et retirés de ce milieu toxique. Leur arrivée dans un lieu de vie d’urgence n’en est pas moins traumatisante. Puis, vient leur placement en famille d’accueil : un nouvel univers à découvrir, de nouveaux adultes à accepter, de nouvelles règles à adopter. Les visites en famille, tous les quinze jours, les confrontent aux mêmes dysfonctionnements, ne faisant que les déstabiliser encore
Vérités plurielles. Confiés à l’aide sociale à l’enfance, quatre jeunes témoignent
CORON Guillaume, Ed. L’Harmattan, 2016, 97 p.
Il sont réguliers ces livres-témoignages de jeunes qui ne sont pas toujours très tendres avec les institutions et les éducateurs qu’ils ont côtoyés. S’il n’est pas question de remettre en cause leurs récits, celles et de ceux qui les rapportent exprimant là leur vérité, ce ne peut pour autant être la seule vérité qui dirait l’unique réalité des placements. Guillaume Coron, chef de service d’un foyer de l’enfance, a décidé d’initier un travail d’écriture avec quatre jeunes adultes, âgés de 20 à 22
La petite fille numéro 624
TER Colette et WILLIAME Didier, Ed. Quart Monde, 2016, 46 p.
Son père est décédé, quand sa mère était hospitalisée. Elle et ses douze frères et sœurs ont été emmenés par la DDASS. On leur a fait croire qu’ils allaient visiter un château. Quand ils ont voulu rentrer chez eux, le soir, ce n’était plus possible. C’était en 1965. Colette Ter avait quatre ans. L’enfer durera jusqu’à ses 16 ans. « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter çà ? », s’interroge l’enfant. Elle a connu le cachot quand elle faisait des bêtises et l’obligation de ré
Laëtitia
JABLONKA Ivan, Ed. du Seuil, 2016, 390 p.
L’étude que consacre Ivan Jablonka au destin de Laëtitia Perrais est d’une retenue, d’une empathie et d’un respect qui, pour forcer l’admiration, n’en oublie pas une précision minutieuse, une analyse millimétrée et un souci saisissant du détail. L’auteur manipule avec une dextérité méticuleuse le scalpel autant que le scanner pour pénétrer au plus profond de l’affaire, le radar autant que le sonar pour explorer les couches apparentes et les plus enfouies de la psyché humaine, le microscope autant les
Lieux de vie et d’accueil. Réhabiliter l’utopie
MINART Jean-Luc, Ed. érès, 2013, 224 p.
Passé, présent et futur des lieux de vie et d’accueil font l’objet sous la plume de Jean-Luc Minart d’une synthèse particulièrement bien conçue, à même d’apporter les éclairages que le lecteur chercherait sur cette approche éducative. C’est dans les années 1970 qu’émergent ces espaces atypiques, dont l’égérie (Ferdinand Deligny) est longuement présentée par l’auteur. Fruit du refus du traitement coercitif de la folie et des déviances, de la méfiance des scléroses professionnelles et de
Philosophie sociale. Une philosophie pour tous les acteurs sociaux et éducatifs
OTT Laurent, Ed. Chronique Sociale, 2016, 160 p.
La somme que nous propose ici Laurent Ott est au croisement de son doctorat de philosophie et de sa longue et riche expérience en tant qu’éducateur spécialisé, instituteur, animateur socioculturel et militant de terrain. Revisitant toute une série de concepts qu’il éclaire de sa vision d’une philosophie sociale, outil qu’il veut mutualiser, l’auteur ne recherche pas le consensus. Il préfère bousculer les évidences, afin d’enrichir la pratique d’une conceptualisation théorique. Aux réflexions
La contre productivité des institutions socio-éducatives. De l’émancipation à l’assignation
BOUHOUIA Tahar, Ed. L’Harmattan, 2015, 141 p.
S’appuyant sur le cheminement d’une association de prévention spécialisée de la région parisienne, Tahar Bouhouia jette un regard lucide et inquiet sur le travail des éducateurs de rue fondé depuis l’origine sur trois principes : l’absence de mandat, l’anonymat et la libre adhésion. L’institutionnalisation toujours refusée et combattue s’est progressivement imposée à eux, sous la pression de tutelles exigeant un fonctionnement lisible et visible. L’autogestion en place depuis la création du
Les controverses du travail social en France et en Allemagne. Par delà les idées reçues
MULLER Béatrice, MICHON Bruno, SOMOT Blandine (sous la direction), Ed. L’Harmattan, 2015, 251 p.
Pour être voisin, la France et l’Allemagne ont chacune une histoire et une culture différentes marquées par la puissance du centralisme jacobin pour la première et le fédéralisme articulé au principe de subsidiarité pour la seconde. L’hexagone fonctionne dans une logique descendante, l’initiative venant du haut, quand l’État central intervient uniquement en cas de carence du pouvoir local dans la culture germanique. Aussi, comparer leur action