Aux origines, l’archéologie

DEMOULE Jean-Paul, Éd. La Découverte, 2020, 332 p.

L’instrumentalisation du passé à toujours été une arme au service des préoccupations idéologiques, politiques et sociales. La fable des quarante rois et quinze siècles qui « ont fait la France », le mythe du baptême fondateur de Clovis servant à légitimer la royauté, une Jeanne d’Arc victime en fait non de l’envahisseur mais de la dispute entre deux fractions de la noblesse (les Bourguignons et les Armagnacs) … Le marché de l’histoire réactionnaire se porte bien, revendiquant un roman

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Histoire mondiale du bonheur

DURPAIRE François (Sous la direction), Éd. Cherche Midi, 2020, 443 p.

Si le développement personnel en a fait son sujet central, sa quête est aussi ancienne que notre espèce. Pour autant, ses représentations sont multiples. Il est dans la satisfaction immédiate pour les hédonistes grecs, mais différée pour les eudémonistes. Pour les stoïciens, c’est la vertu qui y conduit alors que pour les épicuriens, elle en est le produit.   Niché dans le jardin secret de chacun pour les Japonais, dans la réalisation personnelle pour les bouddhistes ou

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Humanité. Une histoire optimiste

BREGMAN Rutger, Éd. du Seuil, 2020, 426 p.

Et si la vision négative d’une humanité fondamentalement mauvaise, naturellement animée par des réflexes égoïstes, agressifs et violents n’était qu’en partie vraie ? Certes, l’espèce humaine a démontré à travers l’histoire, sa facilité à commettre les pires atrocités. Mais, en y regardant de plus près, il semble qu’elle soit aussi programmée pour se montrer sociable et solidaire, condition sine qua non pendant longtemps de sa survie. Les nombreux exemples décrits par l’auteur le démontrent avec

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Leçons d’humour

HUMBEECK Bruno, Ed. Mols, 2017, 271 p.

Manquer d’aptitude à supporter toute forme de drôlerie est considéré comme une tare sociale, une faiblesse psychologique, voire une infirmité.

Pourtant, l’humour n’est pas exempt de toute charge agressive et peut provoquer le pire comme le meilleur. Entre la moquerie qui tue et la plaisanterie qui relève, il peut tout autant exclure qu’inclure, anéantir que construire, permettre à l’opprimé de résister autant qu’au dominant de l’écraser. Un sourire sardonique et un éclat de rire diabolique peuvent

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L’humour. Un défi aux certitudes

PATTI Marie-France, Ed. InPress, 2017, 151 p.

Le rire peut exclure l’humour et l’humour ne pas faire rire. L’humour se pose comme une énigme et un défi : il souligne certains aspects plaisants, insolites ou absurdes de la réalité, mais trouve ses limites dans l’idéalisation des valeurs et le seuil de tolérance à la critique et à la liberté d’expression. Volontaire et consciente, cette disposition individuelle se rajoute aux autres sens, sans être forcément présente chez tout le monde.

L’ancien testament distinguait le rire joyeux du rire

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De quoi se moque-t-on? Satire et liberté d’expression

 PASSARD Cédric et RAMOND Denis (sous la direction), 2021, Éd. CNRS, 393 p.

Si les vingt-deux contributeurs de ce recueil d’études universitaires décrivent l’ancienneté de la satire, depuis l’antiquité jusqu’à Charlie, en passant par Coluche ou le Canard, ils démontrent tout autant la persévérance de la suspicion qui l’entoure. Logique : rien ne serait pire pour elle de ne déclencher aucune émotion chez son lecteur-complice ou chez son ennemi. Mais pour être tributaires des normes du risible de chaque époque, l’humour, l’exagération et la

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Rire. Une anthropologie du rieur

LE BRETON David, éd. Métailé, 2018, 254 p. 

Le rire ne peut être réduit à ce qui est risible. Car, si tout est susceptible de le devenir, ce qui rend l’un hilare, laissera l’autre de marbre. Il n’existe donc pas sans la signification qui lui donne naissance. Il est le résultat d’une situation qui prend sens aux yeux d’un individu particulier, par son décalage avec la norme ou le réel. Ses sources sont infinies. S’il s’enracine d’abord dans la joie et la bonne humeur, il peut tout autant être l’expression de la détresse, de la honte que de la

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Freud & Lacan des charlatans ?

VAN RILLAER Jacques, Éd. Mardaga, 2019, 276 p.

La place de Freud ne serait pas entre Copernic et Darwin, mais entre Andersen et les frères Grimm ! Comme les anciens fumeurs qui ne supportent plus la fumée du tabac, Jacques Van Rillaer, lui-même ancien psychanalyste, éreinte ses anciens confrères. Il commence par dénier à Sigmund d’avoir conçu cette approche, celui-ci ayant reconnu d’abord la paternité de Breuer en 1910, avant de se l’attribuer en 1914. Il continue en démystifiant, l’un après l’autre, les piliers de la discipline souvent

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Développement (im)personnel

DE FUNES Julia, Éd. De l’Observatoire, 2019, 160 p.

L’ambition affichée est claire : museler la tristesse, le chagrin et l’angoisse, combattre le désespoir, l’échec et les incompétences. Finies les passions tristes et la négativité. Place à la sérénité, au bonheur et à la positivité. La mode n’est plus aux religions ou aux valeurs humanistes, mais au triomphe de l’individu et à l’épanouissement personnel. Les dépendances hétéronomes sont remplacées par un seul impératif : se libérer des normes qui étouffent et apprendre enfin à être

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Histoire d’un mensonge. Enquête sur l’expérience de Stanford

LETEXIER Thibaud, Éd. Zones, 2018, 295 p.

En août 1971, le psychologue Philip G. Zimbardo mène l’expérience dite de Stanford avec une vingtaine d'étudiants qui se voient attribuer de manière aléatoire des rôles de gardien ou de détenu dans une fausse prison. En quelques jours, ceux qui ont revêtu un uniforme se transforment en sadiques. Depuis cinquante ans, les manuels universitaires de psychologie, de criminologie et de pénologie, qui en ont reproduit les résultats, évoquent combien les frontières sont poreuses chez l’être humain entre le

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