SOCIÉTÉ
La justice des enfants perdus. Intervenir auprès des mineurs
Manuel PALACIO, La Découverte, 2006, 245 p.
A une époque où le réflexe sécuritaire prend beaucoup de place, il est toujours bon de lire des propos qui démontrent que les conceptions éducatives ne sont pas encore enterrées. A cet effet, on pourra consulter avec bonheur l’ouvrage de Manuel Palacio, lui-même Directeur de la PJJ, qui s’est entouré de spécialistes tels Jean-Pierre Rosenczveig, Philippe Meirieu ou Jean-Louis Daumas dont il publie l’interview au cœur de son texte. La politique de prévention du ministère de la justice, rappelle
Les nouvelles sorcières de Salem. Leçons d’Outreau
GARAPON Antoine et SALAS Denis, Seuil, 2006, 168 p.
Le désastre d’Outreau a été largement commenté comme le symptôme de la faillite de la justice. Mais au-delà, il pose un problème plus vaste : il démontre la difficulté pour les institutions de réussir à métaboliser les conflits et à apaiser les passions. Le désir sans limites d’un adulte pour un enfant renvoie à la peur d’un effondrement des principes fondateurs et des structures fondamentales à toute société humaine : la parenté et la filiation. Des mécanismes de panique morale
Plaidoyer pour un mensonge
LEGUEVAQUE Laurent, Denoël, 2006, 133 p.
Tout enfant vous le dira : dire la vérité, c’est bien, mentir, c’est mal. Pourtant, s’il est bien une institution où cette dichotomie ne s’applique pas, c’est celle de la justice. Pour exercer le métier de juge, il faut chérir le mensonge, car le mensonge est une parole à entendre, préférable au silence. Il garantit un nouveau droit de l’homme : le droit à l’opacité. Personne ne souhaite vivre dans une maison de verre. Voilà des déclarations bien subversives. Son auteur n’est autre qu’un ancien juge
Police de proximité. Nos politiques de sécurité
Sebastian ROCHE, Seuil 2005, 310 p.
L’insécurité et le sentiment qui l’accompagne a progressivement occupé le devant de la scène depuis le début des années 1970. Sebastian Roché, qui fut le premier à en parler en 1993, à une époque où ces questions étaient rejetées au rang de pur fantasme, nous propose dans son nouvel ouvrage un état des lieux sans concessions : le taux d’élucidation des crimes et délits est aujourd’hui de 26,5% contre 51% en 1950. Pour cent délits commis, cinquante sont portés à la connaissance de la police, douze sont
La ségrégation scolaire : l’Etat face à ses contradictions
Denis LAFORGUE, L’harmattan, 2005, 222 p.
A l’heure où l’on reparle de la carte scolaire, on lira avec beaucoup d’intérêt cette étude sociologique d’une grande rigueur qui permet d’entrer au coeur des mécanismes de la ségrégation scolaire. Malgré les bonnes intentions affichées et les textes réglementaires en vigueur, on constate que 10% des collèges prennent en charge 64% des élèves de milieu défavorisé et 10 autres % en accueillent moins de 20%. Comment les familles des couches moyennes et supérieures s’y prennent-elles pour contourner la
La prévention: concept, politiques, pratiques en débat
Sous la direction de Brigitte BOUQUET, l’Harmattan, 2005, 181 p.
Qu’est-ce que la prévention ? C’est l’ensemble des mesures prises pour empêcher que ne se produisent des phénomènes pouvant nuire à un individu ou à une collectivité. A l’origine des premières politiques préventives, la conviction selon laquelle la mortalité infantile privant la nation de soldats potentiels, il fallait tout mettre en œuvre pour leur permettre de parvenir à l’âge adulte ! La loi de 1902 fixera à l’Etat la prérogative de lutter contre les grands fléaux
Echec scolaire : le travail avec les familles
Daniel VERBA, Dunod, 2006, 156 p.
Le face à face entre l’école et les familles a longtemps été conflictuel. L’histoire de cette institution est indissociable d’une coupure structurelle entre l’espace scolaire et l’espace familial. L’instruction doit « libérer les enfants de l’amour de leurs parents » affirmait le philosophe Alain. Toutefois, après deux siècles de mise à l’écart et de désappropriation, les familles suscitent un regain d’intérêt. D’abord parce que l’Education nationale a progressivement abandonné son fonctionnement autarciqueEcoliers, vos papiers
Anne GINTZBURGER avec le Réseau Education Sans Frontières, Flammarion, 2006, 272 p.
Le lecteur qui lira ces pages ne pourra qu’éprouver successivement de la honte et de la fierté. Honte tout d’abord d’appartenir à une nation qui se proclame depuis longtemps patrie des droits de l’homme et qui traite avec une incroyable inhumanité une poignée de gosses dont le seul tort est d’avoir vu leur famille massacrée ou d’avoir voulu fuir la misère. Mais fier aussi d’appartenir à une nation où un certain nombre de citoyens n’accepte pas ce traitement
Quelle éducation face au radicalisme religieux?
Dounia BOUZAR, Dunod, 2006, 256 p.
Un élève qui arrache systématiquement les affiches de son collège où se trouvent présentées des figures humaines au prétexte que le Coran interdit toute représentation (il s’agissait à l’époque de combattre l’idolâtrie). Un jeune qui refuse de serrer la main d’une éducatrice, « parce que c’est une femme ». Une adolescente qui se voile dans les jours qui suivent son admission en appartement autonome. Les professionnels sont parfois confrontés à des situations pour le moins déroutantes qui peuvent les amener à
Traité d’athéologie. Physique de la métaphysique
Michel ONFRAY, Grasset, 2005, 282 p.
A une époque où l’on parle du retour du religieux, l’ouvrage de Michel Onfray constitue un vrai exercice d’hygiène mental remettant sur le devant de la scène les voix de ceux qui ont toujours voulu parler librement, produire des explications rationnelles, récuser les fictions fabriquées, penser tout simplement, en dehors de l’hypothèse de l’intervention d’un au-delà : les mécréants, les impies, les incroyants, les incrédules qu’on a pourchassés et massacrés pendant des milliers d’années. Enseigner le fait