SOCIÉTÉ
Le dit de la cymbalaire. Chômage à 45 ans
Charles MERIGOT, éditions La Ramonda (3 allée Marie Laurent 75020 Paris), 2005, 236 p.
Voilà un livre qu’il faut lire, à tout prix. Son écriture claire et limpide contraste avec le sombre destin qu’il décrit : la descente aux enfers d’un cadre moyen broyé par une société qui ne fait guère de cadeaux à celles et ceux qu’elle exclut. Le sujet est grave, mais le ton est léger : on rit franchement à certains passages, on est ému par bien d’autres. La lucidité, la sérénité et l’humanisme qui traversent ces pages sont impressionnants. L’auteur
L’atelier du juge, à propos de la justice des mineurs
Laurence BELLON, érès, 2005, 246 p.
Notre société laisse peu de place entre le démon en liberté et l’ange déchu, entre la victime et le bourreau. Il revient pourtant à la justice des mineurs d’avoir à gérer l’un et l’autre, souvent confondu, en confiant à un même magistrat intervenant à la fois au civil et au pénal, les charges de juge d’instruction, de juge de tribunal correctionnel, de juge d’application des peines, de juge des mesures éducatives et de juge de tutelle aux prestations familiales : le ci-devant juge pour enfants. L’auteure
ASSEDIC, Notre aimable clientèle
Emmanuelle HEIDSIECK, Denoël, 2005, 114 p.
« J’ai vingt ans de métier aux ASSEDIC de Paris. Autrefois, quand un allocataire venait de se faire couper son électricité, on lui faisait un chèque immédiatement. Pareil pour le loyer, France Télécom ou la carte Orange. Et puis, tout a changé : le fonds social a vu son budget divisé par deux. Les salariés de l’agence sont tombés sous le contrôle permanent d’Aladin. C’est le système informatique mis en place en 1999, dans le cadre « zéro défaut ». La gestion électronique de l’accueil permet de
Six ans d’administration pénitentiaire
Henri BOULANGER, 2004, 147 p.
Fonctionnaire affecté à la direction de l’Administration pénitentiaire de 1981 à 1988, l’auteur nous propose un récit fort intéressant qui permet de mieux comprendre des (dys)fonctionnements d’un service de l’Etat particulièrement critiqué. L’incarcération respecte des règles très strictes. Le Code de procédure pénale précise la juridiction de ressort de chaque Maison d’arrêt. En 1983, l’Administration pénitentiaire s’apercevant que les textes remaniés du Code avaient oublié d’affecter un établissement au
Il n’y a pas de peine juste
Guy CASADAMONT et Pierrette PONCELA, Odile Jacob, 2004, 279 p.
Corps frappé, mutilé ou enfermé, amende ou indemnisation, confiscation des revenus ou de biens divers, travail forcé ou consenti au profit de la communauté, surveillance et interdiction dans la vie quotidienne, bannissement, pénitence, exposition, mort infligé … le corps, les biens, les droits et libertés ont été de tous temps matière à sanction selon des modalités les plus diverses. La peine est le moyen que se donne un groupe organisé, pour sanctionner celles et ceux de ses
La Laïcité
Claude DURAND-PRINBORGNE, Dalloz, 2004, 203 p.
Ce que la loi de 1905 définit, c’est bien le cantonnement des croyances à la seule sphère privée. Deux principes complémentaires en charpentent l’application : l’Etat n’exerce aucun pouvoir religieux et la religion aucun pouvoir politique. « La préservation d’une sphère publique échappant à toute emprise confessionnelle valorise ce qui est commun à tous, mais en même temps elle protège l’espace privé de chacun » explique l’auteur (p.14) continuant, en expliquant que « l’enseignement est laïc
La laïcité 1905-2005 entre passion et raison
Jean BAUBEROT, Seuil, 2004, 280 p.
La laïcité reste un débat permanent qui attise les passions, même si l’on ne sait pas toujours ce qu’elle recouvre. Pendant longtemps, le pouvoir religieux et le pouvoir civil ont été sinon confondus, au moins très liés. Timidement esquissée par une royauté désireuse d’autonomiser son rôle, la sécularisation prend une ampleur inégalée avec la Révolution. Si, avant 1789, l’Etat tout comme l’individu étaient tenus à des obligations envers l’Eglise, les révolutionnaires, en établissant le principe de liberté de
La société malade de la gestion. Idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social
Vincent DE GAULEJAC, Seuil, 2005, 282 p.
Voilà une charge implacable, mais néanmoins fortement argumentée contre une idéologie qui a envahi progressivement tous les pores de notre société. La loi du marché et la compétition généralisée s’imposeraient à tous. Chacun est convoqué au service d’une économie entrée dans une quête de performance et une guerre de position où la seule alternative serait de gagner ou de disparaître. Le capitalisme financier a remplacé le capitalisme industriel : la valeur de l’entreprise est mesurée quotidiennement à
Les désordres du travail. Enquête sur le nouveau productivisme
Philippe ASKENAZY, Seuil, 2004, 96 p.
La montée du chômage nous a habitués depuis trente ans à ne plus nous interroger sur les conditions de travail, mais sur le seul fait d’en avoir ou pas. Pourtant, les 3.000 accidents de travail qui ont lieu chaque année représentent 3 % de la richesse nationale, soit l’équivalent de plus d’une dizaine de jours fériés ! Le déni collectif de cette réalité tient à la conviction que l’abandon du taylorisme aurait notablement changé la donne : autonomie, responsabilisation, coaching, appui sur le réseau
Justice injuste. Le scandale de l’affaire d’Outreau
Acacio PEREIRA, éditions Philippe Rey, 2004, 264 p.
Tout débute en décembre 2000, par une sordide affaire d’inceste : quatre frères révèlent les « manières » dont ils sont victimes de la part de leurs propres parents. Leur mère avoue assez rapidement. Elle va même au-delà, confirmant les accusations tous azimuts portées par ses enfants contre d’autres adultes : des voisins, des commerçants, des proches et même des personnes qu’elle ne connaît pas. Fabrice Burgaud, jeune juge d’instruction frais émoulu de l’école de la magistrature se fait