SOCIÉTÉ
Comment l’école reproduit-elle les inégalités ?
GOUDEAU Sébastien, Éd. P.U.G, 2020, 103 p.
Le mythe de l’école méritocratique a la vie dure. La disparité des trajectoires individuelles ne reflèterait qu’un différentiel d’intelligence, d’efforts, voire d’hérédité. Quand les statistiques établissent que 4 % des enfants d’ouvrier obtiennent un diplôme de niveau Bac + 5 (contre 40 % d’enfants de cadres) et qu’en SEGPA ils sont 86 % (contre 2 % de milieu aisé), cette élimination et relégation des élèves de familles pauvres dans les filières les moins valorisées posent quand même problème
Les incasables
ZERROUKI Rachid, Éd. Robert Laffont, 2020, 268 p.
Quel équilibre trouver entre fermeté et bienveillance face à des élèves dont les souffrances induisent parfois des troubles envahissants du comportement ? Ce questionnement, l’auteur ne se contente pas de le poser d’un point de vue conceptuel, même s’il reproche aux chantres des pédagogies actives de se contenter d’expliquer comment nourrir les enfants et pas comment leur donner faim. C’est un praticien qui s’exprime ici, décrivant ce qu’il a mis en œuvre avec ses élèves de SEGPA. Comme
Autisme et travail : un défi
TREESE-DAQUIN Catherine, Éd. L’Harmattan, 2020, 290 p.
L’altération de la communication, des interactions sociales et de la perception des signaux émotionnels chez une personne avec autisme rendent-ils difficile, voire impossible son insertion professionnelle ? L’auteure a voulu répondre à cette question, en recueillant le témoignage de cent cinquante personnes concernées, âgées de douze à soixante ans. Les propos qui constituent le matériau de base de son étude sont révélateurs. Certains assument leur autisme, comme Xavier qui l’a indiqué
Anthropologie des faits religieux dans l’intervention sociale
VERBA Daniel, Éd. I.E.S., 2019, (216 p.)
Comment les professionnels doivent-ils se comporter face au fait religieux ?
Si on ne peut imaginer qu’ils en fassent la promotion, ils ne peuvent pas non plus se contenter de le reléguer au registre des seules crédulité naïve, consolation face au malheur ou « opium du peuple » oppressé. Ils doivent l’intégrer comme une des modalités possibles de construction des subjectivités auxquelles ils sont confrontés. Si 63% des français se disent non croyants (dont 29 % d’athées), il y a néanmoins une poussée
Pourquoi croit-on ?
RIPOL Thierry, Éd Sciences Humaines, 2020, (391 p.)
Comment expliquer ces croyances universelles qui prennent la forme de la pensée magique ou de la religion, de la superstition ou des rituels ? Plusieurs explications sont proposées par Thierry Ripol.
La difficulté d’accepter le mystère que traduit l’ambiguïté, l’incertitude et le hasard du monde et de lui donner du sens. La propension à établir des liens forts entre des informations pourtant parfaitement déconnectées. La tendance à percevoir des significations et des intentions dans des
Jeunes et djihadisme. Les conversions interdites
JEFFREY Denis, LACHANCE Jocelyn, LE BRETON David, HAJ SALEM Jihed, Éd. Chronique Sociale & P.U.L., 2016, (2016)
Le basculement d’un jeune dans la radicalisation, alors que rien ne semblait l’y prédisposer, peut s’expliquer par un changement paradigme. Les récits collectifs susceptibles de répondre aux attentes de valeurs et de significations ont disparu dans une société considérant ses membres comme seuls responsables de ne pas être à la hauteur des performances qu’elle attend d’eux.
Les recruteurs djihadistes surfant sur les failles et
Un impossible travail de déradicalisation
ALBER Alex, CABALION Joël, COHEN Valérie, Éd. Erès, 2020, (249 p.)
Trois sociologues au pays de Kafka ! L’affligeante mystification de Pontourny est passée ici au scanner et autopsiée au scalpel avec une précision et une rigueur qui mettent en évidence les piteuses dérives du premier et du dernier centre de déradicalisation français. Commanditée par un Manuel Valls désireux de rejeter l’accusation de laxisme, cette structure disparut après seulement onze mois d’un fonctionnement erratique.
On peut être étonné d’apprendre que deux millions et
La Parole aux accusés
BLANCHARD Véronique et GARDET Mathias, Éd. Textuel, 2020, 190 p.
La légende dorée de l’avènement d’une justice des mineurs humaine et bienveillante, fondée sur l’ordonnance du 2 février 1945, s’assombrit à la lecture de ce récit de douze vies de filles et de garçons choisis parmi dix milles dossiers judicaires des années1950. On y découvre, avec effroi, le poids des stéréotypes de classe, sexistes et racistes, des jugements de valeur garants de l’ordre moral et des subjectivités imprégnées des préjugés propres cette époque. Avant de décider
Dernière sommation
DUFRESNE David, 2019, Ed. Grasset, 2019, 229 p.
On connaît le David Dufresne sillonnant les manifestations des gilets jaunes, inlassable lanceur d’alerte contre les violences policières, tweetant place Beauvau sur ces gueules que l’on casse en direct et ces mutilés que l’on estropie sous ses yeux. Voilà qu’apparaît dans ce roman un Etienne Dardel, journaliste ayant tourné le dos aux rédactions qu’il prend pour des cimetières de la pensée. Il y a comme une ressemblance. Car, lui aussi sort chaque samedi, comme d’autres vont au front d’un
Écroué de rire. Une histoire vraie
DESCLOS David, Éd. Flammarion, 2019, 271 p.
Qui sont ces délinquants qu’affronte quotidiennement la police ? Leurs profils sont divers, depuis les plus immoraux et pervers jusqu’aux révoltés et insoumis, en passant par les paumés et malchanceux. Mais, des comiques, il n’y en a guère, surtout au point de monter sur scène. C’est pourtant à cette dernière catégorie qu’appartient David Desclos qui a fait de son parcours de petit voyou ayant trempé dans le grand banditisme un spectacle, puis un livre. Sa vie commence dans la misère la plus noire