Les publications en sciences humaines sont nombreuses et d’une richesse impressionnante.La lecture de centaines d’ouvrages a constitué, à chaque fois, un moment de plaisir et de grande satisfaction intellectuelle. J'espère que l’internaute trouve dans ces critiques l’envie de se plonger, à son tour, dans ces livres

Histoire de l’homicide en Europe de la fin du moyen âge à nos jours

MUCCHIELLI Laurent & SPIERENBURG Pieter, La Découverte, 2008, 334 p.

Deux hypothèses s’affrontent pour expliquer le profond changement qu’a connu l’Europe, en matière d’homicide. La première, initiée par le sociologue allemand Norbert Elias, met l’accent sur le processus de civilisation des mœurs qui entraîna le contrôle des émotions, l’accroissement de la capacité empathique, le progrès du respect mutuel et de la coopération pacifique. La seconde, inspirée par Michel Foucault, privilégie le processus de disciplinarisation : le contrôle

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Une histoire de la violence

MUCHEMBLED Robert, le Seuil, 2008, 499 p.

De nombreuses études historiques convergent pour décrire le Moyen-Âge comme une époque dominée par une culture de grande violence. Dès le plus jeune âge, l’éducation des garçons y exalte la force physique et habitue les corps à la souffrance, par des punitions corporelles précoces. Les codes de l’honneur et de la virilité ne souffrent pas le moindre affront : l’escalade va du défi à l’injure, à la gifle, puis à l’affrontement qui provoque parfois une blessure, alors fréquemment mortelle, tant la

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Culture codes. Comment déchiffrer les rites de la vie quotidienne à travers le monde

RAPAILLE Clotaire, éditions JC Lattès, 2008, 300 p.

Clotaire Rapaille est psychiatre et anthropologue. Il vit aux USA, depuis 1981, et y exerce comme conseiller en marketing. Il propose aux grandes marques industrielles de décrypter le fonctionnement des consommateurs, afin de leur permettre de mieux vendre leurs produits. Que vient donc faire ici un auteur qui aurait bien plus sa place dans la bibliographie d’une école de commerce que dans la rubrique d’un journal du social ? C’est que ce qui est utilisé dans une ambition mercantile peut

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Manuel de manipulation. Pour obtenir (presque) tout ce que vous voulez

AZZOPARDI Gilles,  éditions First, 2008, 331 p. 

Cet ouvrage peut tout d’abord se lire comme un monument de cynisme : on y apprend comment être égoïste et bien mentir, tout en cultivant l’art de la manipulation tant de son chef, de ses collègues de travail que de ses partenaires affectifs. Son propos n’est pas seulement de dénoncer les manipulations dont nous pouvons toutes et tous être victimes, il incite ouvertement à les utiliser. On peut tout autant y voir un mode d’emploi à l’intention du citoyen lambda confronté à un monde qui, ayant

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Lebrac: trois mois de prison

RITHE Bertrand, Le Seuil, 2009, 283 p.

« La Guerre des boutons », publié en 1912 par Louis Pergaud et porté à l’écran en 1961 par Yves Robert, est un classique de la littérature française qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires. Il met en scène deux villages, Longueverne et Velrans, qui se font la guerre depuis des décennies, par enfants interposés. Innovation de la nouvelle génération : le butin exigé par les vainqueurs, à l’issue de chaque affrontement, ce sont les boutons et les lacets des vaincus, ce qui constitue une « triple

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La sociologie de la délinquance juvénile

MAUGER Gérard, La Découverte, 2009, 128 p.

Les variations des statistiques de la délinquance juvénile mesurent autant l’activité des forces de l’ordre (dont le nombre a fortement augmenté ces dernières décennies) et l’accroissement du sentiment d’insécurité (inversement proportionnel aux risques encourus) que le nombre d’infractions constatées. Pour autant, la multiplication par neuf des faits de prédation et par trois des atteintes aux personnes, dans la deuxième moitié du XXème siècle, ne saurait se résumer à la seule fébrilité policière ou

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L’évaluation des pratiques dans la protection de l’enfance

BOUTANQUOI Michel, MINARY Jean-Pierre & al, L’Harmattan, 2008, 148 p.

Croire que les effets de la protection de l’enfance ne peuvent se mesurer qu’à l’aune des bonnes intentions initiales n’est que pure illusion. Mais, penser que l’amélioration des pratiques pourrait être obtenue grâce au contrôle de conformité de l’action engagée au regard d’un cahier des charges initial, d’une norme, d’un gabarit ou d’un modèle pré-établi est tout aussi chimérique. L’importation sans précaution, dans le monde du social, des outils de l’entreprise et des

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Comment priver un enfant de son père, un dysfonctionnement ordinaire de la justice

SERENO Marcello, Jeunesse et droit, 2009, 384 p.

Une petite fille qui révèle les attouchements sexuels que lui a imposés son père. Un service socio-éducatif qui la protège. Un tribunal qui condamne l’agresseur. Justice est faite. Mais, voilà que celui qui a été reconnu coupable rédige un livre, pour se défendre. Et, ce sont les éditions du Journal du droit des jeunes qui lui servent la soupe ! Entamer la lecture de ces presque 400 pages, particulièrement bien écrites, ne peut tout d’abord que laisser dubitatif. Le récit de Marcello Sereno est

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Sortir de la violence par le conflit. Une thérapie sociale pour apprendre à vivre ensemble

ROJZMAN Charles, éditions La découverte, 2008,  179 p.

Le constat dressé ici est plutôt pessimiste. Selon l’auteur, notre société ne possède plus de projet commun permettant de faire vivre ensemble les différentes parties qui la constituent.  Les communautés, qui vivent repliées sur elles-mêmes, ne se rencontrent plus. L’ignorance, les peurs et les haines réciproques sont devenues les obstacles principaux à une cohabitation et à une coopération permettant un fonctionnement harmonieux et équilibré. Trois maladies sociales dominent : la

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Enfants bandits. La violence des 3-13 ans dans les banlieues

IMLOUL Sonia, éditions Panama, 2008, 158 p.

« Il n’y a pas d’enfant délinquant. Il n’y a que des enfants violents qui risquent, en grandissant, d’évoluer vers la délinquance » (p.77) affirme l’auteur. Sonia Imloul en convient : on ne peut interpréter de manière prédictive les agissements destructeurs dont on peut être témoin chez les tout petits. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il faille renoncer à toute prévention, quand on y est confronté. Les enfants qu’elle appelle « bandits » sont avant tout en souffrance, proclame-t-elle. Quand

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