Travail social
La contre productivité des institutions socio-éducatives. De l’émancipation à l’assignation
BOUHOUIA Tahar, Ed. L’Harmattan, 2015, 141 p.
S’appuyant sur le cheminement d’une association de prévention spécialisée de la région parisienne, Tahar Bouhouia jette un regard lucide et inquiet sur le travail des éducateurs de rue fondé depuis l’origine sur trois principes : l’absence de mandat, l’anonymat et la libre adhésion. L’institutionnalisation toujours refusée et combattue s’est progressivement imposée à eux, sous la pression de tutelles exigeant un fonctionnement lisible et visible. L’autogestion en place depuis la création du
Philosophie sociale. Une philosophie pour tous les acteurs sociaux et éducatifs
OTT Laurent, Ed. Chronique Sociale, 2016, 160 p.
La somme que nous propose ici Laurent Ott est au croisement de son doctorat de philosophie et de sa longue et riche expérience en tant qu’éducateur spécialisé, instituteur, animateur socioculturel et militant de terrain. Revisitant toute une série de concepts qu’il éclaire de sa vision d’une philosophie sociale, outil qu’il veut mutualiser, l’auteur ne recherche pas le consensus. Il préfère bousculer les évidences, afin d’enrichir la pratique d’une conceptualisation théorique. Aux réflexions
Les controverses du travail social en France et en Allemagne. Par delà les idées reçues
MULLER Béatrice, MICHON Bruno, SOMOT Blandine (sous la direction), Ed. L’Harmattan, 2015, 251 p.
Pour être voisin, la France et l’Allemagne ont chacune une histoire et une culture différentes marquées par la puissance du centralisme jacobin pour la première et le fédéralisme articulé au principe de subsidiarité pour la seconde. L’hexagone fonctionne dans une logique descendante, l’initiative venant du haut, quand l’État central intervient uniquement en cas de carence du pouvoir local dans la culture germanique. Aussi, comparer leur action
L’évaluation du travail social : une nécessité impossible?
MORMESSE Marie, Ed. L’Harmattan, 2015, 161 p.
La prétention néo-libérale à vouloir imposer au travail social une évaluation quantitative à travers des objectifs quantifiables a déjà fait l’objet de nombreuses contestations théoriques. L’ouvrage de Marie Mormesse reprend ces critiques en les appuyant sur une analyse de terrain au coeur du service social de l’assurance maladie. Profondément réorganisée, l’action qui s’y déploie dorénavant est soumise à l’obligation de rentabilité et de performance. Des managers la soumettent à des scores
Peut-on vraiment se passer du secret? L’illusion de la transparence
BEN SOUSSAN Patrick et GORI Romand (sous la direction), Ed. érès, 2015, 198 p.
Le secret professionnel désigne-t-il le silence et la réserve, la discrétion et l’intime ou bien au contraire l’opaque et le caché, le clandestin et la dissimulation ? Ils sont une douzaine de psychologues, psychanalystes, philosophes, praticiens hospitaliers et magistrat à répondre à cette question, en articulant cette pratique autour du paradoxe qui la fonde, le droit de cacher s’opposant au droit de savoir. Car, chacun craint à la fois que l’on révèle une
L’analyse de la pratique: à quoi ça sert?
DUVAL-HERAUDET Jeannine (sous la direction), Ed. érès, 2015, 403 p.
« L’analyse de pratique » est un mot valise désignant de multiples méthodologies. Jeannine Duval-Heraudet présente celle qu’elle anime comme une supervision. Sa démarche est lumineuse. La personne accompagnée fait ressentir à l’intervenant la colère, la peur, le rejet, l’abandon, l’impuissance qu’elle ressent. C’est parce qu’il est ainsi touché par des éprouvés et des affects, des émotions, des désirs et des angoisses partagés que l’accompagnateur peut entrer en relation
L’empowerment, une pratique émancipatrice?
BACQUÉ Marie-Hélène et BIEWENER Carole, Ed. LaDécouverte/poche, 2015, 175 p.
Voilà un livre bienvenu pour clarifier un peu ce concept d’empowerment qui a déclenché, depuis son arrivée en France dans les années 2000, autant d’engouement que de rejet. Perspective radicale d’émancipation ou nouvelle expression de la doxa néo-libérale ? Les auteurs font le tri dans la polysémie et le flou conceptuel de cette notion. La traduction française du mot est incertaine et insatisfaisante : « affiliation », « pouvoir d’agir », « puissance d’agir »
Pédagogie et travail social. Pour un accompagnement émancipateur des individus et des groupes
DEPENNE Dominique, Ed. Dunod, 2015, 160 p.
La volonté émancipatrice qui fonde l’éthique du travail social est-elle compatible avec l’idéologie néo-libérale prônant la rentabilité, la compétitivité et la logique de prestation de service ? Non, affirme avec conviction Dominique Depenne qui dénonce la position de maîtrise sur autrui et la prétention à savoir ce qui est bien pour l’autre qui en découlent. Sa démonstration s’appuie sur une étude attentive des philosophes et pédagogues qui se confrontent depuis des siècles. D’un côté, une
Un faux boulot
LE CIL VERT, Ed. Delcourt, 2015, 128 p.
Le « faux boulot », c’est ce travail d’animateur et de responsable séjours de vacances pour adultes porteurs de handicap mental et moteur qu’a occupé l’auteur à sept occasions, durant cinq étés et deux hivers. C’est sa mère qui ne cesse de lui demander quand il trouvera un « vrai travail », son activité d’alors n’ayant guère de légitimité dans une famille de prolos. Pourtant, tout au long de cette bande dessinée où se mêlent un réalisme sans fard et un humour ravageur, on ne peut douter de
Distance professionnelle et implication dans la relation d’accompagnement
Les Cahiers de l’Actif n°460-461, Septembre-Octobre 2014, 266 p.
Tout travailleur social est confronté, dans sa recherche de la bonne posture, à une trop grande ou trop faible implication, en même temps qu’à une trop grande ou trop faible distanciation, par rapport à la personne qu’il accompagne. Quelle proximité lui faut-il adopter ? Sa fonction de technicien de la relation le conduit à une recherche d’objectivité fondée sur des connaissances en sciences humaines. Mais, intuitivement autant qu’empiriquement, il sait l’absurdité d’une telle