Économie / Emploi
Femmes en galère. Enquête sur celles qui vivent avec moins de 600 € par mois
Véronique MANGIN, édition de La Martinière, 2005, 280 p.
« Les femmes sont davantage protégées de la misère » pense-t-on habituellement. Véronique Mangin démontre le contraire dans un livre très bien documenté qui alterne les témoignages et des chiffres spectaculaires. Il est pourtant vrai qu’il existe bien une discrimination positive pour certaines femmes, celles qui sont mères d’enfants de moins trois ans, et qui, pour cette raison, sont relativement préservées tant par les Caf que par l’aide sociale à l’enfance. Mais au-delà de
Le dit de la cymbalaire. Chômage à 45 ans
Charles MERIGOT, éditions La Ramonda (3 allée Marie Laurent 75020 Paris), 2005, 236 p.
Voilà un livre qu’il faut lire, à tout prix. Son écriture claire et limpide contraste avec le sombre destin qu’il décrit : la descente aux enfers d’un cadre moyen broyé par une société qui ne fait guère de cadeaux à celles et ceux qu’elle exclut. Le sujet est grave, mais le ton est léger : on rit franchement à certains passages, on est ému par bien d’autres. La lucidité, la sérénité et l’humanisme qui traversent ces pages sont impressionnants. L’auteur
ASSEDIC, Notre aimable clientèle
Emmanuelle HEIDSIECK, Denoël, 2005, 114 p.
« J’ai vingt ans de métier aux ASSEDIC de Paris. Autrefois, quand un allocataire venait de se faire couper son électricité, on lui faisait un chèque immédiatement. Pareil pour le loyer, France Télécom ou la carte Orange. Et puis, tout a changé : le fonds social a vu son budget divisé par deux. Les salariés de l’agence sont tombés sous le contrôle permanent d’Aladin. C’est le système informatique mis en place en 1999, dans le cadre « zéro défaut ». La gestion électronique de l’accueil permet de
La société malade de la gestion. Idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social
Vincent DE GAULEJAC, Seuil, 2005, 282 p.
Voilà une charge implacable, mais néanmoins fortement argumentée contre une idéologie qui a envahi progressivement tous les pores de notre société. La loi du marché et la compétition généralisée s’imposeraient à tous. Chacun est convoqué au service d’une économie entrée dans une quête de performance et une guerre de position où la seule alternative serait de gagner ou de disparaître. Le capitalisme financier a remplacé le capitalisme industriel : la valeur de l’entreprise est mesurée quotidiennement à
Les désordres du travail. Enquête sur le nouveau productivisme
Philippe ASKENAZY, Seuil, 2004, 96 p.
La montée du chômage nous a habitués depuis trente ans à ne plus nous interroger sur les conditions de travail, mais sur le seul fait d’en avoir ou pas. Pourtant, les 3.000 accidents de travail qui ont lieu chaque année représentent 3 % de la richesse nationale, soit l’équivalent de plus d’une dizaine de jours fériés ! Le déni collectif de cette réalité tient à la conviction que l’abandon du taylorisme aurait notablement changé la donne : autonomie, responsabilisation, coaching, appui sur le réseau
Malheur aux vaincus. Ah, si les riches pouvaient rester entre riches
Philippe LABARDE et Bernard MARIS, Albin Michel, 2002, 185 p.
L’OCDE a pu calculer la croissance du monde depuis 1820. A l’exception des périodes de guerres mondiales, cette croissance a progressé de façon ininterrompue de 1,17% par an. Depuis 1973, ce n’est plus vrai. Les 144 pays les plus pauvres (qui représentent 28% du PIB mondial), ont vu le revenu moyen par tête baisser de 0,80% par an. Cette situation concerne aussi les pays riches. Aux USA, entre 1973 et 1995, le salaire horaire du travail non cadre a baissé de 14% alors que dans le
La malchance sociale
Pierre MANONI, Odile Jacob, 2000, 240 p.
Il est des ouvrages dont la lecture vient résonner avec le quotidien du travailleur social. Le livre de Pierre Manoni fait partie de ceux-là. Nous sommes nombreux, je crois, à les avoir croisés et accompagnés, ces usagers qui apparaissent comme victimes d’un impitoyable destin ou d’une implacable tragédie. D’autres encore, ont fait de leur vie un effroyable ratage : anéantissement personnel, naufrage affectif, mort sociale. L’auteur a conçu pour ces situations un nouveau concept, celui d’abdiction (ne
Le salarié de la précarité
Serge PAUGAM, puf, 2000, 443 p.
Face au fléau que constitue le chômage, on a cru, au cours des vingt dernières années, que l’essentiel était de permettre aux exclus de retrouver un emploi, seul moyen non seulement de rétablir leur autonomie financière, mais aussi de réinstaurer leur dignité. Il est temps d’ouvrir les yeux, l’emploi ne met à l’abri ni de la pauvreté matérielle, ni de la détresse psychologique, ni de la souffrance : la forte croissance du temps partiel contraint (passé de 800.000 emplois à 1,4 million, en moins de dix ans)
Une étrange dictature
Viviane FORRESTER, Fayard, Seuil, 2000, 223p.
Le lecteur que la harangue et le style déclamatoire ne rebutent pas pourra trouver ici le nouvel écrit de l’essayiste de « L’horreur économique ». L’auteur y déploie la même fougue et la même hargne contre ce libéralisme « qui démontre son incapacité à se gérer lui-même, à contrôler ce qu’il suscite, à maîtriser ce qu’il déchaîne. » Et de s’attaquer aux mythes véhiculés traditionnellement. La croissance serait à l’origine de l’emploi ? C’est justement elle qui en détruit le plus (et de citer à
La bourse ou la vie - La grande manipulation des petits actionnaires
Philippe LABARDE, Bernard MARIS, Albin Michel, 2000, 200 p.
Voilà un ouvrage sur l’économie du type qu’on aimerait lire un peu plus souvent. Les auteurs y prennent délibérément partie contre ce courant dominant qui voudrait nous faire croire que le marché et le contrat seraient l’unique et l’ultime règle de vie que pourraient établir les êtres humains entre eux. Contestant ce postulat, ils nous proposent une démonstration des plus revigorante quant aux mutations récentes de nos sociétés. Au départ de la nouvelle économie, expliquent-ils, il