Livres
Le temps de victimes
Caroline ELIACHEFF, Daniel SOULEZ LARIVIERE, Albin Michel, 2006, 295 p.
Il existe un lien étroit entre la démocratie et les victimes. Que la compassion éprouvée face à la souffrance d’autrui soit à géométrie variable, versatile ou émoussée, elle nous révèle à quel point, nous nous sentons égaux. L’émotion compassionnelle est devenue, depuis une vingtaine d’années, une qualité première qui semble attester de la validité d’une citoyenneté exemplaire. Elle a pris une dimension telle que « les citoyens peinent à jouir d’être ensemble, au point
La société des victimes
Guillaume ERNER, La Découverte, 2006, 224 p.
La meilleure façon de comprendre une époque, c’est de s’intéresser à ses obsessions. La nôtre est obnubilée par les victimes qui ont tout envahi. Pourtant, le spectacle de la souffrance n’a pas toujours inspiré les mêmes sentiments. Pendant des siècles, les hommes ont cohabité stoïquement avec elle. Si la démocratie l’a rendue insupportable et scandaleuse, c’est parce l’idéal d’égalité et de fraternité fait percevoir le malheur de l’autre comme si c’était le sien. Même si l’on semble trop souvent
Les ados et leurs croyances. Comprendre leur quête de sens et déceler leur mal-être
Philippe LE VALLOIS, Christine AULENBACHER, éditions de l’Atelier, 2006, 160 p.
Depuis quelques d’années, l’attirance de certains adolescents pour le paranormal et les croyances parallèles déstabilise et inquiète les adultes. Voilà un ouvrage fort intéressant qui permet d’éclairer cette fascination. Première explication, des traits de personnalité propres à favoriser l’attirance pour les pratiques occultes : une pensée magico irrationnelle ou une prédominance pour l’attribution externe de la destinée (conviction d’être influencé et déterminé
N’ayons pas peur des ados
Jacques ARENES, Desclée de Brouwer, 2006, 164 p.
On décrit souvent l’adolescence comme une période de grands remaniements identitaires. Le jeune est en recherche d’identification, s’adressant aux adultes disponibles, y compris hors de sa famille, lui qui n’hésite pas à aller voir ailleurs et à se lancer à la recherche d’un autre monde. On met moins souvent l’accent sur la véritable expertise qui se déploie à cet âge, à détecter la moindre faille dans la cohérence parentale, à pousser chacun des parents dans ses retranchements et à
Pourquoi l’amour ne suffit pas. Aider l’enfant à se construire
Claude HALMOS, Nil éditions, 2006, 256 p.
S’il est bien une idée reçue chevillée au corps tant des professionnels que du citoyen moyen, c’est que non seulement l’amour filial viendrait aux parents en même temps que l’enfant, mais encore qu’il serait toujours et par essence bon et profitable. Claude Halmos interroge ces évidences avec talent et perspicacité. L’enjeu est d’importance. Trop souvent, on se contente de maintenir ou rétablir des liens familiaux, en étant persuadé que les sentiments sont l’essentiel de la relation parents/enfants
Plaidoyer pour l’enfant-roi
Simone KORFF-SAUSSE, Hachette, 2006, 240 p.
A en croire nombre de professionnels et d’observateurs de notre société, l’enfant moderne serait surinvesti, gâté et choyé. Tel un petit roi tyrannique et capricieux, il serait tout-puissant et n’admettrait aucune limite. Simone Korff Sausse nous démontre ici le contraire : pour elle, le sort de l’enfant moderne n’est pas celui que l’on croit, ne faisant en outre que refléter l’adulte dans son évolution contemporaine. L’enfant est désiré ? Il est surtout tenu de ne pas décevoir les espoirs mis en
Le dossier Freud: enquête sur l’histoire de la psychanalyse
Mikkel BORCH-JACOBSEN, Sonu SHAMDASANI, 2006, Les empêcheurs de penser en rond, 506 p.
Qu’est-ce qui a donc poussé les successeurs de Freud à ne rendre ses archives consultables qu’entre 2013 et 2102 ? Ont-ils peur de voir s’effondrer les fables sur lesquelles s’est construite l’une des théories en apparence les plus fécondes du XXème siècle ? C’est que la critique historique pourfend les légendes en abordant tout fait comme une construction problématique et non comme un a priori intangible. Il en va ainsi du mythe d’un Freud qui, isolé
Etre psychothérapeute. Questions, pratiques, enjeux
Fédération française de psychothérapie et psychanalyse (FF2P), coordonné par Serge GINGER, Edmond MARC, Armen TARPINIAN, 2006
A la fin des années 1940, la psychologie s’est séparée de la philosophie. En 1968, la psychiatrie s’est émancipée de la neuropsychiatrie. Dans les années 1980 la psychothérapie a affirmé son autonomie à l’égard de la psychologie et de la psychiatrie (notamment de la psychopathologie). Tout un corps professionnel, composé seulement à 50% de médecins et de psychologues, s’est ainsi constitué, s’adressant à trois millions
La justice des enfants perdus. Intervenir auprès des mineurs
Manuel PALACIO, La Découverte, 2006, 245 p.
A une époque où le réflexe sécuritaire prend beaucoup de place, il est toujours bon de lire des propos qui démontrent que les conceptions éducatives ne sont pas encore enterrées. A cet effet, on pourra consulter avec bonheur l’ouvrage de Manuel Palacio, lui-même Directeur de la PJJ, qui s’est entouré de spécialistes tels Jean-Pierre Rosenczveig, Philippe Meirieu ou Jean-Louis Daumas dont il publie l’interview au cœur de son texte. La politique de prévention du ministère de la justice, rappelle
Faut-il avoir peur de nos enfants? Politiques sécuritaires et enfance
Sous la direction de Gérard NEYRAND, La Découverte, 2006, 126 p.
La prévention de la délinquance des mineurs s’abreuve à deux sources distinctes. On peut choisir d’incriminer les conditions socio-économiques, en considérant qu’elles sont à l’origine de l’émergence de l’essentiel des conduites transgressives. Toute autre est la responsabilisation les familles, désignées comme garantes du respect par leurs enfants des règles sociales. La première approche privilégie la compréhension des causes de la délinquance et la recherche de moyens pour