Livres
Bruno Bettelheim ou la fabrication d’un mythe. Une biographie
Richard Pollack, éditions les empêcheurs de penser en rond, 2003, 528 p.
La lecture de cette biographie de Bettelheim est stupéfiante. On y découvre sans haine, mais aussi sans aucune concession, la dénonciation d’une mystification digne des pires gourous. Le célèbre psychanalyste y est présenté comme un menteur congénital qui a passé toute son existence à falsifier son passé et son itinéraire. Né d’une famille bourgeoise viennoise, Bettelheim doit abandonner ses études pour reprendre, à la mort de son père, l’entreprise de négoce de bois
Les visiteurs du soi - A quoi servent les psys ?
Jean Cottraux, Odile Jacob, 2004, 347 p.
Jamais notre société n’a été aussi pessimiste, faisant de l’appel aux psys un réflexe. On les consulte pour tout : les événements graves, mais aussi des moments de la vie courante qui étaient naguère bien plus tolérés. En se déchargeant de tous ses maux sur cette discipline, la collectivité fait l’économie d’un examen critique de ses fins et de ses moyens. Car, si l’on sait que les décompensations psychiques sont dues pour moitié à des facteurs génétiques, les autres éléments déclenchant relèvent de
Le monde sans les mots. Comment l’identité sociale des enfants sourds-muets et aveugles est-elle construite?
David GOODE, érès, 2003, 185 p.
Ce livre édité en 1994 aux USA a été rédigé à partir d’études réalisées dans les années 1973-1976. Il est pour autant toujours actuel, comme peut l’être tout ouvrage qui s’affiche comme un plaidoyer contre la peur de l’autre, dans une société qui dérive parfois en ne prétendant tolérer que le semblable. L’auteur s’est intéressé, il y a de cela trente ans, aux enfants qui, ayant vécu une grossesse infectée par la rubéole, étaient nés sourds, aveugles, handicapés moteurs et physiques. Ce qu’il nous retrace de
L’enfant et la peur d’apprendre
Serge BOIMARE, Dunod, 2004, 196 p.
L’Ecole est confrontée chaque année au défi de ces enfants à l’intelligence normale et à la curiosité intacte qui bloquent complètement face à l’apprentissage scolaire. On a évoqué un sous-entraînement ou un déficit dans l’apport initial. Si ce n’était que cela, cela fait longtemps que le problème aurait été solutionné. La thèse que développe Serge Boimare dans son ouvrage qui vient d’être réédité dans une version enrichie, est particulièrement féconde. Si ces élèves ont réussi à mettre en place de
Je suis noir et je n’aime pas le manioc
Gaston KELMAN, Mad Max Milo éditeur, 2003, 182 p.
« Je suis noir et je suis cadre, mais ne le dites pas à mon voisin, il me croit éboueur » Gaston Kelman aborde ici la question du racisme sous un angle inhabituel. Il n’est pas tant question ici du crétin qui rejette ouvertement celui qui est différent, mais du citoyen moyen prisonnier de l'atavisme qui amène à penser l’autre à partir non de ce qu’il est, mais de ce qu’il devrait être, conformément à l’idée qu’on se fait de ses caractéristiques congénitales. Il y aurait enracinement dans un
Evaluer les besoins des personnes en action sociale. Enjeux, Méthodologie, Outils
Jean-Yves BARREYRE, Carole Peintre, Dunod, 2004, 146 p.
L’action sociale repose sur une évaluation continue des besoins et des attentes des personnes. Mais les outils pour effectuer cette évaluation sont à la fois rares, dispersés et partiels. Parmi les outils disponibles, on compte bien des supports qui permettent de mesurer l’activité soit des services soit des professions du secteur ou encore d’identifier les populations prises en charge (enquêtes sociales) ou les problèmes spécifiques (comme les signalements pour mauvais traitements)
Médiation cognitive des apprentissages
Cahiers de l’Actif, n°328/329, 2003, 214 p.
Toutes les théories pédagogiques s’accordent sur un même consensus : la thèse d’un être humain naissant dans l’incomplétude. Le bébé qui vient au monde n’est que le descendant inachevé d’une espèce inachevée. Le petit d’homme est condamné à apprendre et à produire avec d’autres les moyens de son adaptation au monde. Cette capacité à l’apprentissage cognitif est une propriété en puissance présente chez chacun(e). Mais, pour la générer, il faut la solliciter. Les formes que vont justement prendre ces
Puerto Fino
Jean Claude AREVALO, 2002, 152 p.
Le lecteur a pu lire à plusieurs reprises dans nos colonnes l’accueil bienveillant que nous faisions aux publications de Jean-Claude Arevalo. Cela n’est pas seulement du à sa profession d’éducateur, mais surtout à l’originalité de ses romans. Ce nouvel écho n’échappera pas au rendez-vous régulier qu’il nous donne. Mais cette fois-ci, l’auteur a changé de style littéraire. Il nous propose un recueil de nouvelles. « Puerto Fino » regroupe une dizaine de récits baroques qui nous plonge dans un univers troublant
Des maux indicibles, sociologie des lieux d’écoute
Didier FASSIN, La découverte, 2004, 198 p.
On a vu se développer depuis quelques années de multiples lieux destinés à écouter et à prendre en charge la souffrance psychique. Quoi de plus légitime que cette approche qui propose aux victimes d’une précarité élevée au niveau de mode de régulation du travail et du marché, de pouvoir faire reconnaître le bien-fondé de leur plainte et reconstruire leur identité ? C’est sans compter sur une sociologie qui n’épargne rien et passe au papier de verre de son regard critique tout ce qui peut apparaître
Penser le racisme. De la responsabilité des scientifiques
Michel GIROD, Calmann Levy, 2004, 158 p.
Les scientifiques n’ont pas un comportement à part : ils sont à l’image de la société dans laquelle ils vivent. Ainsi, au XVIIIème siècle, quand les naturalistes se mettent à nommer, classer, trier et hiérarchiser les organismes vivants, ils opèrent de la même façon pour l’espèce humaine. Très vite ils distinguent une race supérieure (la blanche) et d’autres qu’ils considèrent comme inférieures (noire, jaune ...). Rares seront les intellectuels qui à l’image de Condorcet s’opposeront avec courage à