Les publications en sciences humaines sont nombreuses et d’une richesse impressionnante.La lecture de centaines d’ouvrages a constitué, à chaque fois, un moment de plaisir et de grande satisfaction intellectuelle. J'espère que l’internaute trouve dans ces critiques l’envie de se plonger, à son tour, dans ces livres

La prévention des toxicomanies chez les adolescents

Yves Gervais, L’Harmattan, 1994, 217 p.

Faire préfacer son livre par un Francis Curtet qui en 1985 s’est opposé à la libéralisation de la vente des seringues en affirmant « quand on jongle avec la folie et la mort, on peut tout autant jongler avec le sida » est un bien grand risque. Le livre d’Yves Gervais est resté des mois durant sur un coin de mon bureau avant que j’y jette un regard méfiant. Bien mal me prit de tarder ainsi. A peine les premières pages tournées, je me suis mis à le dévorer. L’intelligence du propos, la perspicacité de

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Dictionnaire des idées reçues sur la drogue

Sous la direction de Patrick Piro, Syros, 141p, 1995

La question de la toxicomanie a beaucoup de mal à se débarrasser dans notre pays de cette mélasse qui lui colle à la peau depuis de nombreuses années. Diabolisation, hystérie collective, aveuglement, irrationalité président au débat refoulant au loin toute raison.

Notre société s’est habituée culturellement bon an mal an aux 50.000 morts liés à l’alcoolisme, aux  60.000 décès dus au tabagisme et aux tranquillisants qui gardent sous leur emprise le quart de la population. Cela n’émeut pas

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La France malade du travail

Jacques DE BANDT, Christophe DEJOURS, Claude DUBAR, Bayard Editions, 1995, 207 p.

Pour les auteurs, la crise est triple.

Il s’agit tout d’abord d’une phase de transition entre une société industrielle marquée par une forte croissance et un nouveau modèle qui reste à trouver (mais qui assumerait les formes rénovées de technologie, de rapports de production et d’organisation sociale).

La deuxième forme de la crise, elle, est directement liée aux comportements inadaptés des principaux acteurs économiques. Les gouvernements ont successivement

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Vers un nouveau contrat social

Guy Roustang, Jean-Louis Laville, Bernard Eme, Daniel Mothé, Bernard Perret, Editions Desclée de Brouwer, 1996, 186 p.

Beaucoup plus intéressant, cet ouvrage qui pose des questions qui vont bien au-delà de l’horizon bien trop souvent borné des économistes traditionnels.

Le choix de départ est clair. Si le marché s’impose à nous comme un vecteur incontournable, laisser sa logique tentaculaire s’imposer librement représente un potentiel extraordinairement destructeur pour l’homme et la nature.

La période de fort essor qui s’est terminée dans

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Réfugiés: le droit d’asile menacé

Gérard Dhôtel, Syros/Amnesty International, Collection J’accuse, 1995, 127 p.

Amnesty International propose chez Syros une collection consacrée à toutes celles et tous ceux qui ne bénéficient pas de l’oreille bienveillante des média ni de puissants groupes de pression syndicaux ou politiques pour se faire entendre.
Gérard Dhôtel s’intéresse cette fois-ci à la question du droit d’asile. Combien d’êtres humains sont confrontés à travers le monde à la persécution, à la guerre et à la famine ? On connaît en la matière une inflation inquiétante: 8

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La nouvelle question sociale - Repenser l’Etat-providence

Pierre ROSONVALLON, Seuil, 1995, 222 p.

La crise de l’Etat-providence qui prend ses racines dans les années 70  a montré la nécessité de concevoir la question sociale selon une logique nouvelle. Les anciennes méthodes de gestion du social ne conviennent plus. Mais, pour y voir plus clair, il est important d’aborder le problème dans sa dynamique historique.

Pendant des millénaires, le lien social apparaissait comme naturel. Hiérarchie, distinctions et équivalences reliant les hommes entre eux étaient alors codifiées de façon organique. Les

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Les métamorphoses de la question sociale - Une chronique du salariat

Robert CASTEL, Fayard, 1995, 490 p.

Pendant très longtemps, la société a existé sans social: l’individu était encastré dès sa naissance dans un réseau de contraintes reproduisant les injonctions de la tradition et de la coutume. L’aumône, l’hôpital tout comme l’orphelinat émergent comme compensation à une faillite de la communauté qui n’auto-régule plus ses exclus. Dès le XII ème siècle les municipalités et ce, bien avant les institutions religieuses, ont réagi aux facteurs de dissociation sociale apparue avec le développement des cités. Deux

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La douleur de l’enfant

Annie Gauvain-Piquard et Michel Meignier, Calmann-Lévy, 1993, 265 p.

Voilà un livre essentiel que tout bon médecin devrait avoir à son chevet. Parmi toutes les violences que l’enfant est susceptible de subir, il en est une à laquelle on s’attend le moins, c’est celle qui provient du soignant. Il est en effet tout à fait hallucinant d’imaginer qu’il a fallu attendre le milieu des années 80 pour que soit remise en cause la légende selon laquelle le bébé serait trop immature pour ressentir la douleur et surtout s’en souvenir. Résultat

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Anthropologie de la douleur

David LE BRETON, Mataillié, 1995, 233 p.

David Le Breton nous livre ici un superbe essai sur le thème de la douleur.

Il y a comme un paradoxe de parler d’une réalité qui, si elle représente l’expérience humaine la mieux partagée, n’en reste pas moins un échec radical du langage. En effet, en morcelant l’unité de l’individu, elle crée une distance telle qu’elle immerge sa victime dans un univers inaccessible à tout autre. La douleur  dite ne peut  jamais être la douleur vécue. Pour comprendre l’intensité de ce qui est ressenti par l’autre, il

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Les enfants psy - Quand les rôles se renversent

Marie-Pierre Raimbault, Ramsay, 1995, 163 p.

A l’occasion d’un entretien professionnel, ma langue a fourché. M’adressant à un jeune de 20 ans, en lieu et place de lui dire « votre mère », je lui assenais « votre femme » !... « C’est curieux ce que vous me dites, me répondit-il, enfant j’étais consulté par ma mère  sur les décisions du ménage, alors que mon père en était toujours écarté ». Mon lapsus avait permis de faire état d’une inversion des rôles dans cette famille que dans notre jargon, nous appelons parfois « parentalisation ». C’est

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